Annie-Claude, Ismaël, Simon S et Phil C font parler les oracles depuis 2003. Remplissent des salles partout où ils passent, répandent la bonne nouvelle en Europe comme en Amérique. Sans compromis, ils poursuivent une oeuvre prosélyte au service d'une étrange congrégation: Church of Budgerigars, soit l'Église des Perruches dont le verdoyant volatile est le symbole et leader spirituel. Voici la trajectoire d'un groupe, Duchess Says, sans compromis qui électrise ses fidèles.

Début des années 90, Annie-Claude et Ismaël sont ados et ne se destinent pas à une existence tranquille dans leur Lévis natal. Ils fondent alors le groupe électro Radio Laundromat, dont l'idée est de rendre un culte à la Perruche, « religion abstraite » dont la musicienne aurait déniché les documents fondateurs dans le grenier de sa grand-mère.

Constitué en 2003, Duchess Says en est la continuité et construit sur les fondations de The Church of Budgerigars. Animisme absurde et débridé, chants sacrés d'un tout autre type et dont les dévots seraient de plus en plus nombreux si l'on s'en tient aux dires de la prêtresse venue à notre rencontre.

« Particulièrement en Europe, cette église fait du chemin et nous suit de près. Nos fans y font régulièrement référence. Un jour, j'aménagerai un lieu consacré à la perruche et afin pour que les fidèles puissent s'y retrouver », indique Annie-Claude Deschênes, chanteuse, guitariste et compositrice dont la Duchess se produit ce samedi dans le cadre de M pour Montréal.

Ce souhait d'aménager un temple de la Perruche s'accompagne d'un sourire dont on ne peut absolument déterminer s'il est goguenard ou béat... Après tout, la foi transporte les montagnes et les groupes rock!

Annie-Claude, que l'on sait parmi les plus farouches bêtes de scène que le Québec n'ait jamais engendrée, a étudié arts visuels et littérature avant de choisir définitivement la musique et migrer vers la grande ville. Elle a fait l'école Musitechnic, « pour être capable d'enregistrer en studio, comprendre ce que je fais lorsque je réalise, ne pas être mystifiée par le processus, être capable d'exprimer mes idées afin d'être très près de ce que je veux ».

Époque pendant laquelle le duo avec Ismaël est devenu quartette. « Nous étions deux avec de l'électronique et des séquences préenregistrées. Nous avons connu Phil C, qui était plus punk et hardcore. Puis Simon S nous a rencontrés alors que nous faisions un show à trois au Petit Campus. »

Le quartette a fait du chemin depuis lors. Tourné maintes fois au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe. Enregistré un maxi et deux albums. Un troisième est actuellement en préparation, la Duchess estime en avoir encore long à raconter.

Quiconque a déjà assisté à un spectacle donné par Annie-C et ses potes sait que tout peut s'y produire:

« Nous essayons toujours de présenter des shows différents, des ambiances différentes, de nouvelles projections nous accompagnent. On peut transformer les chansons parce que nous sommes ouverts à l'improvisation. Nous pouvons très bien partir sur une dérape!  En anglais, en français,  dans une langue inventée, enfin tout ce qui sort de nous selon l'ambiance du moment. La transe ? En tout cas, il m'arrive de me retrouver dans un autre état  sur scène, alors que je suis une fille normale dans la vie de tous les jours. »

Électro, new wave, no wave,  bruitisme, synth punk, punk, minimalisme, expérimental font partie de la palette de Duchess Says, dont le dernier opus (In A Fung Day T) a été consacré « album punk de l'année » au récent GAMIQ. Punk? Pas tout à fait, pense Annie-Claude : « Nous écoutons de tout et  je trouve réjouissant de ne pouvoir inscrire le groupe dans une catégorie précise. D'accord, notre musique n'est pas compliquée... bien que cela reste relativement compliqué d'être minimaliste; il faut trouver précisément ce que tu veux exprimer simplement. Il faut donc une certaine recherche. »

La recherche s'avère « plus psychédélique côté Pypy, projet parallèle d'Annie-Claude présenté vendredi au Lambi, projet auquel participent Phil C// (basse et guitare), Simon S (batterie) et Choyce-- (basse et guitare), et dont le premier album sortira sous peu.

Malgré cette activité intense, ce foisonnement créatif, malgré l'implantation de Duchess Says dans les circuits internationaux, l'existence n'est pas facile pour ces artistes dévoués à la Perruche.

« Nous n'avons pas fait les choix les plus faciles, convient notre interviewée. Nous avons refusé d'associer nos chansons à la pub ou à des sites internet qui n'avaient rien à voir avec notre démarche. Nous avons aussi résisté à composer sous la pression des producteurs. Faire un album parce qu'il faut profiter un momentum,  euh... non. Nous ne vivons pas exclusivement de notre art, mais nous avons la conscience en paix. Aujourd'hui, nous menons notre barque sans manager et avons l'intention d'en faire davantage au cours des mois à venir. Donner un bon coup, maintenir le cap. »

Duchess Says, samedi soir à 22h, aux Katacombes

Pypy, vendredi soir à 22h, au Club Lambi