De demain à samedi, il y aura de l'action en ville avec le grand congrès annuel international de musique, M pour Montréal. Une sélection locale d'artistes anglophones et francophones (dont Philippe B, Mozart's Sister, Blue Hawaii, Les Trois Accords, Koriass) tenteront d'attirer l'attention des quelque 100 délégués internationaux importants qui seront présents.

En se produisant devant les représentants de grands festivals (Glastonbury, South by Southwest), des agences de tournée (Planetary, Agency), des médias influents (Télérama, Brooklyn Vegan) ou des maisons de disques renommées (Sub Pop, Rough Trade), les formations espèrent un coup de pub, partir en tournée à l'étranger ou décrocher un contrat de disque.

Telle est la mission de M pour Montréal, qui existe depuis sept ans: exporter des artistes d'ici grâce à des événements de réseautage, des spectacles-vitrine et des tables rondes. Le Montréalais d'adoption Mac DeMarco est l'artiste de la sélection officielle qui attire déjà le plus d'attention. Signé sous le label new-yorkais Captured Tracks, l'auteur-compositeur de 22 ans fait beaucoup parler de lui dans les médias américains. Hier, le prestigieux festival South by Southwest (SXSW) a annoncé sa présence en mars à Austin. Disons que DeMarco ne ressent pas trop de pression par rapport à son spectacle promotionnel à M pour Montréal. Son agenda de tournée est rempli jusqu'à la fin du mois de juillet, de l'Europe au festival de Pitchfork, à Chicago, l'été prochain. «Pour moi, c'est l'occasion de jouer à Montréal, à la maison», nous a-t-il dit hier en entrevue téléphonique. Tout l'enthousiasme qu'il suscite? «C'est bizarre... J'ai participé au festival CMJ récemment à New York. J'ai joué 10 fois en 5 jours et c'était plein. C'est fou [...], mais c'est cool. C'est aussi le genre d'événements où on peut fraterniser avec des bands de partout dans le monde.»

Du côté des conférences, beaucoup de discussions s'animeront autour de thèmes comme les occasions musicales dans les films, les séries télé et les jeux vidéo. Des superviseurs musicaux nord-américains d'importance seront parmi les participants, dont Jennifer Cornett de Paramount Pictures (qui a travaillé sur des films comme The Dictator, GI Joe 2 et Flight) et Amine Ramer de la société States of Sound. Selon cette dernière, les films et les émissions de télé ont remplacé en partie les magasins de disques. «C'est là que les gens entendent de la nouvelle musique, a-t-elle expliqué à La Presse. Et pour les labels et les éditeurs, c'est devenu une source de revenus importante.»

Après l'ère des bandes originales à succès des années 90 (Pulp Fiction, Reality Bites), la musique a aujourd'hui un rôle plus artistique et identitaire dans une oeuvre de fiction, souligne Sébastien Lépine, de la boîte montréalaise Tram7 (qui a libéré les droits de la chanson You and Whose Army? de Radiohead dans Incendies). Et pourquoi recourir autant à la musique indie-rock? «Il y a une question de coût, mais c'est aussi pour faire ressortir un côté cool et branché, répond-il. Cela dépend également beaucoup des goûts personnels des réalisateurs.»

L'un des autres ateliers au programme pendant M pour Montréal portera sur le retour du simple (single). Aujourd'hui, un artiste peut devenir riche grâce à une seule chanson sans passer par les outils de promotion traditionnels. Il suffit de la mettre en vente en ligne et de la promouvoir sur les réseaux sociaux. Gotye est le success-story de l'année, lui qui a vendu plus de 10 millions d'extraits de sa chanson Somebody That I Used to Know.

«L'importance grandissante du single est une réaction des artistes et des maisons de disques devant le piratage et à la baisse de l'accès aux radios. Les vieux trucs ne fonctionnent plus de la même façon dans le nouveau paysage numérique», a indiqué par courriel à La Presse le journaliste de San Francisco Kyle Lemmon (Filter, Spin, Pitchfork), qui sera l'un des participants. «Mais l'album demeure important aux yeux des journalistes, surtout dans le monde indie.»

Les spectacles

Pour ce qui est des spectacles destinés autant au public qu'aux délégués, le plus rassembleur est sans doute celui du groupe islandais Of Monsters and Men, samedi au Métropolis (vous pourrez par ailleurs lire une entrevue avec la sympatique chanteuse Nanna Bryndís Hilmarsdóttir dans nos pages, samedi).

Demain, le spectacle de Half Moon Run, Mozart's Sister et Eight And A Half affiche également complet à la Sala Rossa. Sinon, citons celui de Plants and Animals vendredi au Corona, en même temps que Socalled et Elisapie au Cabaret du Mile End. Le lendemain, la programmation propose notamment Death Grips, Yamantaka // Sonic Titan et le spectacle M pour Movember au Club Soda avec, entre autres, Yann Perreau, DJ Mini, des membres de Radio Radio et The Skills, sans compter MC Gilles à l'animation.

Tous les détails au www.mpourmontreal.com.

En rafale

> Moins d'un an après sa participation à Osheaga, Sigur Rós se produira au Centre Bell le 27 mars.

> Selon la publication Venues Today, le Centre Bell se classe au premier rang des arénas les plus fréquentés du Canada et figure au troisième rang mondial (source: evenko).

> L'Équipe Spectra (Vincent Vallières, Richard Séguin) s'occupera désormais de la carrière de Kevin Parent.

Sorties de la semaine

> Take me Home, No Direction

> King Animal, Soundgarden

> Lotus, Christina Aguilera

> Paradise Edition, Lana Del Rey

> GRRR!, The Rolling Stones

> Trilogy, The Weeknd

> Noël 2012, Star Académie

> Soleil ardent, Claire Pelletier

> Lux, Brian Eno

> Koi No Yonan, The Deftones

> Best of 2002-2012, Ima