Avec pas d'casque qui remporte les prix de l'auteur-compositeur et de l'album folk de l'année, Lisa LeBlanc sacrée révélation et artiste de l'année... Le Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ) a beau modifier ses règlements pour différencier son mandat de celui de l'ADISQ, certains gagnants ont brillé dans les deux remises de prix cette année.

«Pouvoir se retrouver dans les deux galas, c'est la beauté de l'affaire», a dit à La Presse Stéphane Lafleur, chanteur et parolier d'Avec pas d'casque, qui ne s'habitue pas aux prix que son groupe accumule. «On a eu beaucoup le syndrome de l'imposteur au début et on l'a un peu moins aujourd'hui», nuance-t-il.

La septième présentation du GAMIQ avait lieu dimanche soir au Théâtre Plaza. À l'animation, domlebo a remis les prix en faisant des mini-entrevues avec les gagnants. «C'est un talk show virtuel qui n'est pas présenté à la télévision», a-t-il résumé.

Philippe B a remporté le prix du clip de l'année pour Petite leçon de ténèbres, réalisé par Gabriel Poirier-Galarneau (GPG). L'auteur-compositeur apprécie le GAMIQ, car «c'est représentatif des affaires que j'aime». «C'est comme un party de bureau. On se retrouve avec la famille», a ajouté GPG.

Sans surprise, les Soeurs Boulay sont reparties avec le trophée de la formation dotée du plus grand potentiel. Pour le public, c'était une évidence, mais Stéphanie et Mélanie tremblaient de fébrilité. «J'ai le shake», a lancé Mélanie. «Toute l'industrie est là», a renchéri Stéphanie.

Leur premier album devrait sortir en mars sous l'étiquette Grosse Boîte. «Pour l'enregistrement, on a loué un chalet dans le bois et c'est Philippe B qui va réaliser l'album», a annoncé Mélanie.

Dans les différentes catégories du meilleur album de l'année, les autres gagnants furent Grimes (pop), aRTIST oF tHE yEAR (électro), Alaclair Ensemble (hip-hop), Yamantaka//Sonic Titan (expérimental), Half Moon Run (indie-rock), Anonymus (métal), Afrodizz (world), Duchess Says (punk) et les Dales Hawerchuk (rock).

«Depuis huit ans, on a vendu des disques, mais on n'avait jamais gagné de prix», a commenté le batteur des Dales, Pierre Fortin. «C'est une belle tape dans le dos», a ajouté le bassiste Charles Perron.

Nouveaux règlements

Le GAMIQ a modifié ses règlements depuis ses débuts. Sont exclus les artistes dont l'une des chansons a atteint le top 50 BDS francophone ou anglophone, le palmarès annuel des 50 albums les plus vendus au Québec ou qui ont déjà récolté une nomination à l'ADISQ dans certaines catégories de pointe les années précédentes (et non celle en cours). Cela concerne les Bernard Adamus, Marie-Pierre Arthur et Patrick Watson (et donc Lisa LeBlanc l'an prochain, par exemple).

«Le GAMIQ doit rester pertinent, nous expliquait récemment le directeur du scrutin, Sébastien Charest. Ce n'est pas qu'on considère que certains artistes ne sont plus alternatifs, mais s'ils ont atteint un certain statut, on pense que d'autres cérémonies peuvent prendre le relais.»

Qu'on soit d'accord ou non avec les règlements du GAMIQ, le gala est une belle fête de famille de la scène dite émergente, alternative, indie...

«Le GAMIQ nous permet de nous faire connaître par d'autres artistes», juge Ogden d'Alaclair Ensemble, qui, rappelons-le, offre ses albums gratuitement en téléchargement. «Le gala souligne qu'il y a une autre manière de faire de la musique.»

Le GAMIQ fait-il vendre des disques? Il fait du moins circuler et briller des noms.

Dimanche soir, nous avons d'ailleurs découvert certains groupes qui étaient en prestation, dont BP Black Piranha et Cheesecake Ninja.

Comme l'a dit Stéphane Lafleur, il ne faut jamais sous-estimer le bouche-à-oreille.