C'était soir de première pour Bruno Pelletier, mardi soir, à L'Étoile du Quartier DIX30 de Brossard. Le chanteur vient d'entamer la tournée de son nouvel album, Rendus là.

Bruno Pelletier en est rendu où? À son 11e album, à 25 ans de carrière, 50 ans de vie... Si son spectacle se veut un bilan, il se veut aussi résolument plus rock.

Le chanteur est apparu devant le public seul au piano, puis ses musiciens ont fait leur entrée, alors qu'il empoignait une guitare électrique au son de sa nouvelle chanson Je m'écris, cosignée avec Roger Tabra.

Bruno Pelletier est resté dans le même registre rock avec une version bonifiée de son succès Où que tu sois avec des riffs et un solo de guitare qui ajoutaient beaucoup de fougue et de «oumph» à l'enregistrement original.

«Si je suis rendu là, ici avec vous, c'est qu'il y a eu quelques bougies d'allumage...», a ensuite lancé Bruno Pelletier à la foule, avant d'entonner Miserere, tout en puissance vocale.

La peur de tourner en rond

Sa tournée et son album Rendus là se veulent un bilan de musique, de carrière, mais également de vie. «Le concept est que j'ai écrit des chansons sur des personnes qui sont proches dans ma vie», a-t-il expliqué à la foule avant d'interpréter la pièce-titre, écrite pour sa femme, lui qui ne pensait jamais se marier une seconde fois.

Avant son 11e album, Bruno Pelletier a contré sa peur de «tourner en rond» en accouchant plutôt de son disque «le plus personnel».

En spectacle, on sent que le chanteur n'a plus rien à prouver et qu'il veut tonifier ses ballades. À la fois comme chanteur et comme instrumentiste, il se fait plaisir avec des reprises (un remix de Perfect Stranger, un medley country) et des revisites sonores intéressantes de ses succès. Il parle au public de façon naturelle, chaleureuse et détendue. Il passe de la guitare au piano, tout en jouant plusieurs fois de la batterie.

Chapeau aux versions folk dépouillées de ses succès Coriace et Aime. À l'émotion dans sa voix pendant sa nouvelle pièce Ton amour meurt. À son interprétation sans faille de S.O.S. d'un Terrien en détresse de Starmania, une demande spéciale du public dont Bruno Pelletier a pigé le titre dans un chapeau. «Ça date de 1993... j'étais jeune!»

Pendant un medley (réunissant à la fois des classiques des Doobie Brothers, de Stevie Wonder et de Serge Fiori), le chanteur a présenté au public sa pianiste Julie Lamontagne (qui avait remporté un Félix la veille pour son album jazz), son bassiste Jacques Roy, sa guitariste Martin Bachand, ainsi que son chef d'orchestre et batteur Marc Bonneau.

Après l'entracte, d'autres belles surprises attendaient le public: un duo avec Julie Lamontagne sur la reprise Don't Give Up de Peter Gabriel, et sa nouvelle chanson, Un long chemin, que le nouveau porte-parole de la Fondation du cancer a coécrite pour sa soeur qui a survécu à la maladie.

La direction musicale, le naturel, le plaisir d'être sur scène, l'énergie rock, les anecdotes racontées avec humour, les surprises et les vieux succès (Le temps des cathédrales)... Tous les ingrédients pour un bon spectacle étaient réunis, mardi soir, mais il serait intéressant de voir si le spectacle de Bruno Pelletier lève davantage dans une salle où les gens ne sont pas assis...

L'ambiance dans L'Étoile n'était pas à la hauteur de l'énergie sur scène et de la grande chimie qui unissait Pelletier et ses musiciens, même si la foule (s'attendait-elle à un spectacle aussi rock?) était nettement plus dégourdie après l'entracte.