Lorsque les membres du groupe No Doubt se sont réunis pour écrire de nouvelles pièces, quelque chose qu'ils n'avaient pas prévu s'est aussi invité à ces retrouvailles: le doute.

Onze années s'étaient écoulées depuis la sortie de Rock Steady et leurs priorités avaient changé. Dans l'intervalle, les quatre membres de la formation s'étaient mariés et avaient eu des enfants. La musique n'était plus la chose la plus importante dans leur vie. Est-ce que ça pourrait encore fonctionner?

«C'est très compliqué quand on commence à y penser», affirme Gwen Stefani. «J'ai été la chanteuse de No Doubt toute ma vie, je me suis complètement investie dans ce rôle et, tout à coup, je dis: "En fait, les gars, vous ne pouvez plus être ma priorité, sinon, ça ne marchera pas".»

Le groupe a manifestement trouvé un moyen de faire fonctionner l'affaire puisqu'il est de retour ce mois-ci avec son premier disque studio depuis plus d'une décennie, Push and Shove. L'opus reprend le mélange de ska et de new-wave qui est devenu la marque de commerce de No Doubt auquel il ajoute des paroles reflétant certaines angoisses liées à la nouvelle existence des musiciens.

«Je pense que, sur la majeure partie du disque, j'écris au sujet du sentiment d'être débordée en essayant de faire toutes ces choses en même temps», explique Gwen Stefani. «Quand on devient mère, on ne sait pas vraiment à quoi s'attendre. C'est tellement différent de ce qu'on peut penser.»

En observant les membres de No Doubt, rencontrés dans un studio d'enregistrement new-yorkais, il est difficile de deviner que le groupe existe depuis 26 ans. Ils portent toujours du maquillage, ils ont les cheveux décolorés ou coiffés en pic au sommet du crâne et ils sont incroyablement minces. Seuls les reliefs de leur repas, composé de saumon, de fruits et de légumes, révèlent qu'ils sont tous dans la quarantaine.

«Parfois, quand je suis sur scène, je pense encore que j'ai 16 ans et mon corps me rappelle que ce n'est plus le cas», admet le bassiste Tony Kanal en riant. «Dans nos têtes, je crois que nous nous sentons plus jeunes que nous le sommes vraiment.»

Trouver le temps d'enregistrer le nouvel album s'est avéré un défi de taille pour le groupe, dont la liste de succès comprend notamment Just a Girl et Don't Speak. Si l'on ajoute à cela leur processus d'enregistrement notoirement épuisant, il n'est pas étonnant que plusieurs mois séparent le début et la fin du projet.

Le premier extrait de l'opus, Undercover, a été écrit en 2009 à la fin de la dernière tournée de la formation alors que le reste a été composé l'année suivante. La plupart des pièces ont été enregistrées en 2011.

«Ç'a été très long», reconnaît Tony Kanal, qui a agi comme coparolier avec Gwen Stefani pour la première fois. «Pour moi, l'objectif était simplement de terminer le disque. De nous rassembler tous dans la même pièce au même moment avec tous les enfants que nous avons a été une lutte de tous les instants.»

Onze années sans sortir aucune nouvelle chanson, c'est une éternité dans le milieu de la musique pop et No Doubt revient dans un environnement musical complètement transformé. Les singles numériques ont remplacé les albums complets et le créneau dance-pop-punk post-grunge a entre autres été repris par Pink et Avril Lavigne.

Mais le groupe insiste pour dire qu'il fait la musique qui lui plaît sans tenir compte du marché. «C'est plus pour nous faire plaisir à nous», indique Gwen Stefani. «C'est très égoïste.»

No Doubt a déjà prévu plusieurs prestations qui ne passeront pas inaperçues, notamment à l'occasion du premier match de la saison 2012 de la NLF. La formation participera aussi aux émissions Good Morning America et The Ellen DeGeneres Show.

Le groupe devrait roder son nouveau spectacle grâce à une série de six représentations au Gibson Amphitheatre à Los Angeles après l'Action de grâces américaine et se lancer dans une tournée européenne l'an prochain.