Quatre soirées de demi-finale devaient, théoriquement, déboucher sur autant de choix du jury, au Festival international de la chanson de Granby. Quatre finalistes auxquels pouvait s'ajouter le choix du public.

Toutefois, devant «l'exceptionnelle cuvée 2012», le jury de cinq membres s'est trouvé incapable de s'entendre sur seulement quatre des 24 demi-finalistes et en a choisi cinq... à qui s'ajoute le choix du public.

Samedi prochain, le 44e Festival de la chanson de Granby présentera donc une finale à six candidats où la directrice artistique Brigitte Poupart tentera de faire jaillir le meilleur du talent de Marjorie Fiset, des Gourmandes et de Rod le Stod, tous de Montréal, de la Granbyenne Rosie Valland, du trio francontarien Pandaléon et de la Saguenéenne Geneviève Morissette, qui a rallié la foule par ses couleurs et son énergie, samedi soir.

«Oh ! man ! Je viens de donner le meilleur show de ma vie !», nous avait pour sa part confié Rod le Stod après sa performance de jeudi où il avait provoqué la première réaction bruyante au Palace de Granby, un endroit pas très chaleureux.

Avec son sideman Johnny Danger, le rappeur de NDG - on l'a vu à Montréal Pop ; voir www.rodlestod.com - a exploité tout l'espace et toute la panoplie orchestrale de l'ensemble dirigé par le bassiste Philippe Brault : il est quand même rare d'entendre un rappeur dérouler ses revendications au son du grand piano, du violon et de la guitare.

Détenteur d'une maîtrise en administration publique de l'ÉNAP, Rod le Stod (Rodolphe Demers) est un jeune homme élégant et organisé ; jeudi, une vingtaine de ses supporters arboraient un T-shirt à son nom. Non, «le Stod» n'est «pas né pour un p'tit pain».

Marjorie Fiset, elle, est diplômée en chant jazz de l'Université de Montréal et a chanté ses trois pièces -- dont la belle Janvier s'achève -- avec un trio comprenant Gabriel Vinuela, le pianiste de Parc X, lauréat du GP de jazz TD du Festival de jazz 2010. Bien entourée, Marjorie Fiset a tout pour exploiter sa belle voix.

Lauréates de Cégeps en spectacles 2010, les Gourmandes continuent leur marche vers l'avant-scène nationale, comme le confirme par ailleurs le prix Tim Horton de la chanson populaire que le public internaute du Festival de Granby leur a décerné pour... Indigestion. Le quatuor chante a cappella et les filles ont du chien, un critère qui n'apparaît pas sous cette appellation dans la liste du jury qui, pour les Gourmandes, a dû cocher «singularité», «intention définie», «présence au texte».

Pandaléon a confirmé de son côté que poésie et énergie ne s'excluaint pas nécessairement. Jeudi au Palace, les vieux rockers se sont sentis interpelés par le jeu des frères Levac - Fred, le chanteur, au piano et Jean-Philippe à la batterie -- et de Marc-André Labelle, le guitar hero de Saint-Bernardin. Plus près quand même de Karkwa que de Gentle Giant, Pandaléon...

La Presse n'a pas vu la performance de Rosie Valland devant ses amis, samedi.  L'auteur-compositrice-interprète de Granby, lit-on, fait dans la «pop folk minimaliste» et a conquis le jury par sa «fragilité» toute assumée.

Le Festival de la chanson de Granby (voir le programme sur www.ficg.qc.ca) entame mercredi sa partie hors-concours avec une trentaine de spectacles, la plupart gratuits, dans le beau centre-ville de Granby, où l'on verra entre autres les performances de six chanteurs ou groupes français dont ce sera la première visite au Québec. Découverte mutuelle.