Bob Dylan, 71 ans, qui sort en début de semaine «Tempest», son 35e album en 50 ans de carrière, est une légende vivante de la musique populaire américaine du XXe siècle, un pionnier de la chanson engagée et une influence majeure pour des générations d'artistes.

Du troubadour folk des cabarets de Greenwich Village à New York, à l'aube des sixties, jusqu'à la superstar décorée en mai dernier par un de ses «fans», le président américain Barack Obama, Robert Allen Zimmerman a toujours suivi son propre chemin de génie musical, rebelle et imprévisible.

À 71 ans, ce petit-fils d'immigrants juifs russes né à Duluth (Minnesota) continue de promener son harmonica et sa guitare aux quatre coins de la planète pour une tournée baptisée «Sans fin». Il était en Europe cet été et enchaîne les dates aux É.-U. jusqu'à fin novembre.

Bien qu'il n'ait signé qu'un petit nombre de grands albums après l'apothéose créative des années 1965-1975, il reste, au même titre que le tandem Lennon-McCartney, l'un des chanteurs-auteurs-compositeurs les plus influents de l'histoire de la musique, maintes fois recopié, jamais égalé.

Dans sa jeunesse, à l'instar de la plupart des adolescents américains, Bob tombe sous le charme du rock avec Elvis Presley et Jerry Lee Lewis avant de former son propre groupe.

En 1959, étudiant à l'Université de Minneapolis, il découvre les pionniers du blues, du country et du folk: Robert Johnson, Hank Williams et Woody Guthrie. À cette époque, il adopte le nom de scène de Bob Dylan.

Abandonnant les études, il déménage à New York en 1961 pour fréquenter la scène musicale embryonnaire de Greenwich Village.

Son premier album «Bob Dylan» (1962) est un fiasco. La percée se produit en 1963 avec l'album «The Freewheelin' Bob Dylan» et ses deux titres folk de protestation: «Blowin' in the Wind», chanson pacifiste qui sera un hymne des années 60 contre la guerre au Vietnam et «A Hard Rain's A-Gonna Fall».

En 1963, il participe à la Marche sur Washington autour de Martin Luther King.

«The Times They Are A-Changin'« est le morceau qui donne le titre à son troisième album en 1964. Son succès assoit sa réputation, alors qu'il s'éloigne du mouvement contestataire américain. En guise d'adieu, il écrit «It Ain't Me Babe» dans l'album significativement appelé «Another side of Bob Dylan».

Il se lie avec la chanteuse Joan Baez avec qui il forme un temps le couple du «roi et de la reine du folk».

En 1965, avec l'album «Bringing It All Back Home» - une collection acoustique et électrique qui choque les puristes du folk - il transforme l'écriture des chansons en fusionnant ses textes poétiques et surréalistes avec le rythme rock.

Lunettes noires et chapeau

Son chef-d'oeuvre «Highway 61 revisited» (1965) avec la chanson «Like a Rolling Stone» et le double album «Blonde on Blonde» (1966) atteignent les sommets du rock-folk.

Ses lunettes noires, ses boucles et son chapeau, le transforment définitivement en icône.

En 1966, après un accident de moto, il se retire vivre avec sa femme Sara, épousée l'année précédente.

Il revient en 1969, avec l'album purement folk «John Wesley Harding», suivi par «Nashville Skyline» et ses mélodies country en duo avec Johnny Cash. De plus en plus il se détache des fans de folk et des milieux de gauche, refusant d'être l'étendard des contestations et des luttes de l'époque.

Après le très critiqué «Self Portrait» réalisé en 1970 avec des reprises, Bob Dylan reste discret jusqu'en 1975 quand paraît «Blood on the Tracks», né durant sa séparation avec Sara.

À la fin des années 70, il découvre le christianisme et déroute une partie de ses fans.

Depuis les années 80, son extraordinaire créativité s'est tarie, mais il parcourt la route sans relâche, sans toujours convaincre. Il était cet été en France au festival des Vieilles Charrues, où sa prestation a déçu. En 2011, il s'est produit pour la première fois dans un concert controversé en Chine, et au Vietnam.

Le chanteur-compositeur à eu de nombreux imitateurs dans les années 1970 et influencé de nombreux artistes, Leonard Cohen, David Bowie, Jackson Browne, The Doors, Bruce Springsteen, Talking Heads, The Clash, Nick Cave ou Lenny Kravitz.

«Là où l'on crée de la grande musique rock, il y a l'ombre de Bob Dylan, encore et toujours», affirme Bruce Springsteen.