Dernière signature du label français Kitsuné, les Britanniques de Citizens! s'affichent comme les nouveaux hérauts d'une pop sophistiquée et débridée dans le sillage du groupe écossais Franz Ferdinand qui les a adoubés en produisant leur premier album Here We Are.

Les cinq garçons étaient à l'affiche du festival Rock en Seine, ce week-end à Saint-Cloud près de Paris, avant de revenir pour celui des Inrocks à l'automne dans plusieurs villes françaises.

Leur premier album, salué par la critique française et anglaise, les démarque d'une scène indépendante britannique obnubilée depuis quelques années par le rock à guitares ou les influences électro du dubstep.

Les Londoniens ont choisi de reprendre le flambeau de la pop, depuis longtemps laissée aux mains de producteurs «faiseurs de tubes» à la solde des stars formatées pour envahir les ondes.

«Quand nous avons commencé, nous étions déterminés à ne pas être un ennuyeux groupe «indé» de plus. En fait, je crois que les gens ont peur de faire de la pop, ils préfèrent rester dans une zone sûre, faire quelque chose qui va leur permettre de passer pour des gens cool et détachés», raconte à l'AFP le chanteur de Citizens!, Tom Burke.

«Faire de la pop, c'est faire une musique que beaucoup de gens peuvent apprécier, mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas être expérimental», ajoute-t-il.

Here We Are regorge de tubes pop sophistiqués et racés, avec des chansons comme Reptile ou (I'm in Love with your) Girlfriend.

Pour éviter de tomber dans le piège du formatage, Citizens! s'est imposé «des règles strictes» lors de l'enregistrement de Here We Are.

Instruments désaccordés

Par exemple, «l'ingénieur du son n'était pas autorisé à éditer la musique sur ordinateur. Car la plupart du temps, dès qu'une prise est enregistrée, quelqu'un arrive et corrige les erreurs, la rend «parfaite», ce qui revient à la rendre ennuyeuse, à lui enlever toute humanité», explique Tom Burke.

«Notre album est plein d'erreurs, d'instruments désaccordés, mais nous les avons laissés car ça sonne vraiment comme cinq personnes jouant dans une même pièce», poursuit-il.

«La très bonne pop a quelque chose d'immédiat, mais vous ne vous en lassez pas. Plus vous l'écoutez, plus vous y découvrez quelque chose que vous pouvez aimer», estime-t-il.

«De plus, avec la pop vous pouvez aborder les sujets les plus sombres, mais de façon enjouée. La pop est une sorte de consolation», dit-il.

Avant Citizens!, un autre groupe britannique avait affiché sans détour sa volonté de créer une musique pour «faire danser les filles» sans mettre de côté son ambition artistique: les Écossais de Franz Ferdinand.

Inévitablement, leur leader Alex Kapranos a reconnu en Citizens! des héritiers et s'est proposé pour produire leur album.

«C'était comme travailler avec un professeur d'art qui vous questionne tout le temps: «Comment peux-tu justifier cette décision que tu viens de prendre?». C'était génial d'être mis au défi comme ça pour un groupe», juge Tom Burke.