Geneviève Néron et Julie Ross n'ont pas aussitôt mis le pied dans le café où nous avons rendez-vous qu'elles se pâment sur la pochette de Maison mobile: une architecture colorée et un peu surréaliste de maisons mobiles qui a servi de décor à une production d'une pièce de Tchekhov à Amsterdam. La petite histoire du deuxième album de Madame Moustache est un peu moins exotique.

Les deux chanteuses et les trois gars de Madame Moustache ont passé tout près de deux ans à travailler à leur nouvel album au Studio du Chemin 4, à Joliette. «C'est très spécial comme endroit parce que c'est au bout d'une rue et il y a un lac artificiel avec tout un rang de maisons mobiles, raconte Geneviève Néron. Avec la neige tout autour, ça devenait poétique.»

Le titre Maison mobile s'est vite imposé, avant même que soit créée la chanson du même nom, accrocheuse à souhait. Pendant les quatre années qui ont suivi la parution de son premier album, Madame Moustache n'a cessé de voyager de spectacle en spectacle tout en écrivant des chansons. «C'est un album de road trip», commente Geneviève. Leur musique a encore et toujours une saveur country, comme le fait remarquer Julie, et les petites histoires qui se déroulent de Joliette à Lafayette ou de Pointe-aux-Trembles à Nashville ne détonnent pas. Mais Maison mobile n'est pas country à tout prix.

«Le premier album, c'était un jeu: on jouait à être cowboy», reconnaît Geneviève. Plus tard, elle ajoute: «Mais on a fait le tour, on n'est pas obligés d'être country, country, country. Le monde a compris, nous autres aussi. De toute façon, on a un son de groupe quand on joue ensemble: le mélange des deux voix, les guitares électriques, le violon...»

Pas de syndrome d'imposteur

Les deux jeunes femmes qui se sont connues sur le plateau de l'émission jeunesse Réal-IT ne souffrent plus du syndrome de l'imposteur. Geneviève est toujours comédienne et Julie travaille encore à la télévision, mais elles se consacrent avant tout à leur métier de chanteuses. «Deux ans après notre premier album, on jouait devant 10 000 personnes en France et on faisait des gros festivals ici avec Mara Tremblay, Gilles Vigneault, Zachary Richard, rappelle Geneviève. On a su qu'on était à notre place.»

Sur Maison mobile, Madame Moustache évite le piège du pastiche. «Les textes sont plus vrais, plus profonds, plus assumés, reprend Geneviève. Courtepointe - qui ouvre et ferme l'album - n'est pas une chanson légère, drôle ni country. C'est une grande peine d'amour qui ne finissait pas. On a dû l'enregistrer 19, 20 fois: chaque fois, je pleurais ou quelque chose ne fonctionnait pas. Mais quand j'ai eu fini de l'enregistrer, je n'ai plus eu de peine.»

Maison mobile est peuplé de petites «histoires vraies» comme autant de courts métrages dont Fuck off n'die, à laquelle a contribué Richard Desjardins, et 1934, un poème en anglais de la grand-mère acadienne de Julie que la jeune femme a mis en musique avec l'aide de son frère Martin. Par contre, l'emprunt à Serge Gainsbourg de Laisse tomber les filles, popularisée par France Gall dans les années 60, peut paraître étonnant. «Oui, mais on y a ajouté une guitare sale, dit Julie en riant. Les covers qu'on fait en spectacle sont toujours à la sauce Moustache.»

Depuis son premier album, Madame Moustache a perdu un membre, Benji Vigneault, qui fait désormais partie de Coyote Bill. «Les drummers sont souvent des infidèles, affirme Geneviève. Dès le départ, Benjamin nous avait dit: «Je suis avec vous mais moi, je suis pigiste, j'ai plein d'autres projets». On l'a remplacé par Ugo Di Vito, un super drummerqui fait beaucoup de jazz et de punk. Il y a un son très Ugo Di Vito sur l'album.»

Autre ajout important, le réalisateur Érik West-Millette qui a servi de «capitaine de bateau» aux cinq Moustache. «On aimait le parcours musical d'Érik et on voulait que le deuxième album soit plus organique, plus proche de ce qu'on joue. Le premier était trop clean», commente Geneviève.

Madame Moustache lancera Maison mobile deux fois plutôt qu'une - au Lion d'or, lundi, et en Abitibi, le 11octobre - puis il va préparer avec Christian Bégin la mise en scène de son nouveau spectacle qu'il compte présenter en 2013. «Un spectacle en deux parties, où il y a une atmosphère, où on raconte une histoire et où la comédienne en moi se fait aller la patte», promet Geneviève.

MADAME MOUSTACHE

MAISON MOBILE SPHÈRE-GSI

En magasin mardi.