Mika, l'enfant chéri de la pop britannique, sera de passage mercredi sur la scène de l'International des montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il profitera de l'occasion pour offrir en primeur certains titres de The Origin of Love, album à paraître en septembre qui compte plusieurs chansons en français, dont son succès Elle me dit. Le chanteur, qui a annoncé officiellement son homosexualité cette semaine, a parlé à La Presse de ce troisième opus quasi autobiographique écrit à Londres et enregistré à L.A.

Q Allez-vous donner un avant-goût de votre nouvel album sur la scène de Saint-Jean-sur-Richelieu?

R Je vais chanter des nouveautés comme Celebrate, Underwater et Make You Happy ainsi que deux nouvelles chansons en français. C'est un plaisir de faire un spectacle où les gens comprennent et ont le même rapport avec les paroles, que ce soit en français ou en anglais. Il n'y a nulle part dans le monde sauf ici où je peux faire ça! Ce qui me plaît de me produire à l'International des montgolfières c'est que ça ne s'inscrit pas dans une tournée nord-américaine, et quand je suis au Québec, je me sens comme dans un monde à part. Je devais venir en 2007 à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais j'avais de gros problèmes de santé qui m'empêchaient de monter sur scène. Je suis ravi d'avoir enfin l'opportunité de venir!

Q Pourquoi avoir choisi de faire quatre titres en français sur votre nouvel album?

R J'ai grandi à Paris et mon éducation musicale s'est faite à travers la chanson française avec les Gainsbourg, Françoise Hardy, Barbara, Moustaki, Rita Mitsouko, etc. Je n'ai pas peur de la mélodie et il y en a beaucoup dans la chanson française. Ça fait partie de ma formation et ça fait des années que je voulais chanter en français, mais je savais que je ne pouvais pas écrire moi-même, car dans ma tête je pense en anglais. Alors j'ai dû attendre jusqu'à ce que je rencontre Doriand, un parolier qui interprète mes idées et écrit mes paroles. Sur le nouvel album il y a donc en français Elle me dit, L'amour dans le mauvais temps, Karen (82, Rue Des Martyrs), que je vais faire dans une version que personne n'a encore entendue, et Un soleil mal luné.

Q Quelle couleur a ce nouvel album?

R J'ai terminé l'album mercredi soir. Quand on l'écoute, on a ce sentiment que c'est trempé dans une sorte de mélange entre la musique classique, la mélodie pop des années 70 et un côté assez moderne, électronique qui mélange ces mondes. Je vais avoir 29 ans vendredi prochain et cet album me représente totalement aujourd'hui. Et certaines versions de chansons comme Make You Happy qui tourne déjà sont différentes sur l'album puisque je la fais en version symphonique, avec beaucoup de cordes. Dans mon premier album, j'avais 22 ans et je parlais de ma vie, de mes amis, de ma famille. Avec le second je me suis beaucoup plus isolé. Le nouvel album est un autre univers, mais je n'ai jamais fait quelque chose qui me représente autant.

Q Est-ce pour ça que c'était important pour vous de révéler au grand jour votre homosexualité cette semaine dans le magazine américain Instinct?

R Dans les chansons de mon nouvel album, je parle de ma vie, alors qu'avant je parlais plus de la vie des autres autour de moi. C'était le bon moment de révéler mon homosexualité, car à 28 ans je me suis dit: je parle de ma vie d'une manière que très peu de chanteurs pop masculins vont le faire. Je le fais avec beaucoup de joie et c'était le bon moment. Mes chansons ne parlent pas forcément de mon orientation sexuelle, mais tout de même de ma vie personnelle. J'aime la pop car elle est universelle. On n'avait pas forcement besoin de savoir que je suis homosexuel pour comprendre ma musique. Ça montre surtout un certain confort et une confiance. J'ai créé tout ce qu'il y a dans ma carrière tout seul. Je ne cache rien. Je suis arrivé à un moment dans ma vie où je suis confiant et à l'aise dans tous les sens de ma vie. Ça me donne une sensation de puissance et de joie de vivre complètement invincible. Il était important pour moi de le faire de la bonne manière et de choisir de le faire quand je le désirais.

Q Pourquoi avoir choisi de collaborer avec le rappeur Pharell Williams sur la chanson Celebrate?

R Sur Origin of Love, j'ai voulu sortir de l'isolement dans lequel j'étais avec mon second opus en travaillant avec des artistes avec qui je fais une sorte d'échange. Ils travaillent sur mon album et je travaille sur le leur, alors que dans la musique pop normalement, on paie quelqu'un pour avoir une chanson et un nom. Avec Pharell, c'est différent: on s'assoie ensemble et on voit si on arrive à quelque chose, sans contrat, sans échange d'argent ni de règle. Sur Celebrate, il y a aussi un gars de 23 ans que j'ai rencontré sur l'internet et Nick Littlemoore d'Empire of the Sun qui ont collaboré.