Au beau milieu de son concert à la salle Wilfrid-Pelletier lundi, Sting a dit au public qu'il habite une charmante petite maison dans la campagne anglaise. Des rires dubitatifs ont fusé de toutes parts et le chanteur, coquin, a aussitôt corrigé le tir: «C'est pas vrai, c'est un château.» Les premières notes de Fields Of Gold se sont alors fait entendre et les nombreuses fans de Sting ont soupiré d'aise.

Le maître du château sait encore faire les choses, il garde la forme comme en témoigne son corps musclé de sexagénaire sous sa camisole blanche, et il n'a pas perdu son sens de l'humour, en français comme en anglais. Il nous revient même s'il n'a pas de nouvel album et qu'il n'essaie même pas de revisiter son répertoire sous un nouvel éclairage comme il l'a fait avec un grand orchestre il y a deux ans au Centre Bell.

En 2012, Sting fait le tour de son jardin. Il en profite pour ressortir quelques-unes de ses chansons qu'on ne peut qualifier d'immortelles - Stolen Car (Take Me Dancing), The End Of The Game - qu'il glisse parmi ses classiques dont cinq de Ten Summoner's Tales, son dernier grand album, et une demi-douzaine de The Police. La soirée se termine d'ailleurs sur deux incontournables du trio Sting-Summers-Copeland, King of Pain et Every Breath You Take, suivies de la toute première chanson de leur tout premier album, la punkisante Next To You. Le public, lui, est debout depuis le début de ce rappel amorcé par la dansante Desert Rose.

Sting sait s'entourer. Le batteur Vinnie Colaiuta est une véritable locomotive et le claviériste David Sancious a de l'expérience à revendre. Quant au guitariste Dominic Miller, il reste le complice fiable et discret que Sting a recruté il y a plus de 20 ans. La chanteuse Jo Lawry s'éclate à l'occasion, mais de tous les solistes, c'est au jeune violoniste Peter Tickell que Sting donne le plus d'espace pour s'exprimer. Le public apprécie.

Si ce spectacle n'est pas à classer parmi les grands rendez-vous avec Sting, ce n'est pas uniquement parce qu'il n'a rien de neuf à proposer. C'est surtout parce qu'on a déjà entendu par le passé des versions supérieures, et certainement plus mémorables, des chansons qu'il nous a servies lundi.

Je retiens quelques flashes ça et là: l'énergie du duo Colaiuta-Sancious pendant Seven Days, la délicate Shape of My Heart, enrichie d'harmonies à trois voix et du violon, et la belle intensité de The Hounds of Winter pendant laquelle le groupe était vraiment soudé.