La bande d'Emily Haines, Jimmy Shaw, Josh Winstead et Joules Scott-Key roule sa bosse depuis plus de 10ans déjà. Avec son cinquième album, Synthetica, Metric poursuit sur sa lancée avec des chansons susceptibles d'accroître son bassin de fans. Entrevue avec l'un des groupes chouchous des Montréalais, qui sera une fois de plus à Osheaga cet été.

Synthetica. Le titre du cinquième album de Metric s'interroge sur ce qui est vrai, ce qui est faux. Pour Emily Haines, les thèmes qui gravitent autour de l'image et de l'authenticité sont une grande source d'inspiration.«I'm just as fucked up as they say/I can't fake the daytime (...) I'm me/All that I believe», chante Emily Haines, sur le premier morceau, Artifical Nocturne.

«Pour moi, faire un album, c'est un défi personnel, explique la chanteuse. Je dois mettre de côté toutes mes bullshits. Je dois être humble.»

Synthetica s'est construit d'un bloc, alors que son prédécesseur, Fantasies, s'était fait par chapitres. Il faut toutefois rappeler que Metric avait pris une longue pause de cinq ans avant Fantasies, après les épuisantes tournées des albums Old World Underground et Live It Out. Emily Haines a sorti un album solo et est allée se ressourcer, si bien que Metric est revenu en force alors que certains croyaient que le groupe ne survivrait pas.

«Pour Synthetica, on a choisi de s'enfermer. Dans notre studio à Toronto, puis au studio Electric Lady à New York, explique Emily Haines. Pour moi, c'était un gros changement de ne pas chercher à disparaître.»

Avant de s'attaquer à Synthetica, Emily Haines ignorait que le thème serait si précis. «Quand tu commences à écrire, tu ne sais pas ce qui va sortir. Au final, tout ce qu'on a créé était relié à l'authenticité et ce que tu acceptes comme étant vrai dans le monde extérieur.»

Rétro-futuriste

Musicalement, le son de Metric a pris de l'ampleur. Pour Emily Haines, c'est une sorte de combinaison des disques précédents. «Old World Underground Where Are You Now était très new wave, Live It Out était très cru, alors que Fantasies était très pop. C'est comme si tout cela avait érigé un mur de son.»

Le son de Synthetica a une dimension rétro-futuriste. «En faisant l'album, j'étais très intéressée par le mouvement de l'architecture radicale des années 60 et comment les gens du passé entrevoyaient le futur», détaille Emily Haines, qui renvoie à la photo de la pochette de Synthetica.

Dans le studio que Jimmy Shaw a ouvert à Toronto avec Sebastien Grainger (Death From Above, 1979) s'accumule une foule d'instruments vintage, qui prennent une sonorité moderne sur Synthetica. «Dans le fond, qu'est-ce qui est organique et qu'est-ce qui est synthétique? se demande Emily Haines. À l'époque, les claviers étaient vus comme des sons extraterrestres, loin de l'humain, alors qu'aujourd'hui, ce sont des instruments charmants et organiques.»

Parlant de claviers, ils sont omniprésents aujourd'hui sur la planète rock. «En 2001, quand nous avons commencé dans les bars à New York, le rock garage était roi avec les White Stripes, The Strokes... Et moi, j'étais là avec mon clavier analogue. Un clavier Pro One que j'ai d'ailleurs acheté à Montréal quand j'étudiais en électro-acoustique à Concordia», se rappelle en riant Emily Haines.

Cette dernière chante en duo avec nul autre que Lou Reed sur le refrain de la pièce The Wanderlust. «Nous l'avons rencontré à l'occasion d'un hommage à Neil Young à Vancouver. Quelqu'un m'a proposé de le rencontrer. Je voulais juste lui serrer la main pour me présenter, mais à ma grande surprise, il m'a dit: "So Emily Haines, who you would rather be, The Beatles or The Rolling Stone?"» Lou Reed faisait référence à la chanson de Metric Gimme Sympathy. «Je lui ai répondu: The Velvet Underground.»

Un groupe de son époque

Grâce aux nouvelles règles du jeu de l'industrie et au web qui a démocratisé la diffusion de la musique, Metric est l'un des groupes indie-rock à avoir percé le marché mainstream. L'album Fantasies, paru sous Metric Music International, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires. Metric a également écrit une chanson pour la bande originale de Twilight. «Nous formons un groupe depuis 10 ans et nous avons vécu l'époque où il fallait envoyer nos CD par courrier, souligne Emily Haines. Pour nous, c'était important que Metric fasse partie de la culture mainstream et que nos chansons jouent à la radio.» Bilan? «Je n'ai jamais imaginé une autre vie, mais en même temps, je me pince quand je vois tout ce qui nous arrive et que ça va mieux que jamais entre nous quatre.»