The Musical Box s'apprête à donner pour la dernière fois à Montréal son adaptation plus vraie que vraie du spectacle The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis. Retour sur une expérience hors de l'ordinaire.

The Musical Box a beau recréer des spectacles de Genesis avec un souci du détail maniaque, il n'avait pas prévu ce qui l'attendait le 10 mars dernier à Cascais. À l'insu du groupe montréalais, les producteurs portugais ont recréé la miniémeute qui s'était produite autour du spectacle The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis en mars 1975, dans la foulée de la Révolution des Oeillets qui avait renversé la dictature salazariste un an plus tôt.

«C'était le prolongement de ce que nous faisons comme travail de scène, explique Sébastien Lamothe, le Mike Rutherford de The Musical Box. Dans la même salle, démolie puis reconstruite récemment, ils ont remis les vieux sièges en plastique blanc et, avec la collaboration du ministère de la Défense, ils ont installé des tanks devant le théâtre et de faux militaires sont même venus embêter les producteurs.»

Les gars de The Musical Box ont donc goûté à leur propre médecine en revivant ce qui avait été un véritable cauchemar pour les Gabriel, Collins, Rutherford, Banks et Hackett 37 ans plus tôt. Le guitariste Steve Hackett, qui a encore joué avec The Musical Box à Zurich en février dernier, l'a confirmé au directeur artistique Serge Morissette : «Pendant le spectacle, Hackett croyait entendre des coups de fusil qui étaient en fait des pétards. Il voyait des pyramides humaines, de la fumée et des militaires armés de mitraillettes. Il m'a dit : "Comme je joue assis, j'étais convaincu d'être la cible idéale. Je ne pensais pas m'en sortir vivant!"»

À défaut de revoir le vrai Genesis, les Portugais avaient donc décidé de commémorer cette période charnière de leur histoire avec ce qui se rapproche le plus du groupe britannique : The Musical Box. Cette belle illusion attirera encore les fans du Genesis première période au Centre Bell où sera présenté pour la dernière fois à Montréal The Lamb Lies Down On Broadway, vendredi. Un spectacle encore plus fidèle que celui qu'ils ont donné 16 fois au Spectrum, une fois au Métropolis et une autre fois au Centre Bell depuis l'an 2000.

«Plus on joue partout dans le monde, plus on croise des gens qui ont été impliqués dans le show d'origine : des artisans, des techniciens, des spectateurs qui ont filmé le show», explique Sébastien Lamothe. En plus, ajoute-t-il, les gars de The Musical Box ont pu écouter chacune des 24 pistes de l'album The Lamb dans le sacro-saint studio The Farm de Genesis : «Aujourd'hui, quand je joue une partition, ce n'est plus une approximation de ce que je pense que Rutherford a joué, je sais que c'est ça qu'il a joué. Les 24 pistes de l'album, c'est la bible!».

Les diapos manquantes

The Musical Box est même plus fidèle à l'album que ne l'était Genesis en concert. «Pour The Lamb, Tony Banks a composé plusieurs pièces au piano acoustique, mais il n'y avait probablement pas de place pour un piano acoustique sur la scène, raconte Lamothe. Il a dû jouer toutes ses partitions avec beaucoup de doigté, beaucoup d'arpèges, beaucoup d'harmonies sur des claviers un peu cheapos du début des années 70. Les pièces n'avaient pas le même dynamisme et la même saveur; par moment, c'était moche.»

Autre nouveauté : le groupe a mis la main sur le carrousel de diapositives qui lui manquait. Par le passé, le groupe les avait remplacées par des diapos faites à partir d'agrandissements de photos prises lors du spectacle de Genesis. Après quelques diapos parfaitement claires, on en projetait une troisième un peu floue... Morissette raconte : «En 2008, Genesis m'a demandé de reconstituer le puzzle des diapos pour la sortie sur DVD de The Lamb. Pendant une pause dans leur studio, j'ai aperçu une boîte par terre contenant des pages de diapos. Personne ne le savait, mais c'était les diapos manquantes!»

The Musical Box n'entend pas renouveler la nouvelle licence de deux ans pour The Lamb qu'il a acquise en prévision de la tournée actuelle. «On a fait le cycle, explique Lamothe. Après être allés jusqu'à 1976 avec Genesis, c'est comme si on revenait aux sources : on passe par The Lamb et on veut refaire Selling England By The Pound et peut-être Foxtrot.» En 2013, le groupe entend souligner le 20e anniversaire de son premier spectacle Selling England By The Pound qu'il avait monté 20 ans après le même spectacle de Genesis au Cepsum de l'Université de Montréal.

Vendredi, le public du Centre Bell aura également droit au court métrage Counting Out Time dont Morissette terminait le montage quand nous l'avons rencontré : «Un petit documentaire d'une vingtaine de minutes fait à partir de films super-8, d'interviews de gens qui ont travaillé avec nous ou qui étaient impliqués dans The Lamb en 1974-1975. On le montre uniquement à Montréal, c'est notre cadeau.»

The Musical Box joue The Lamb Lies Down On Broadway au Centre Bell, le 18 mai, à 20 h.