Chris de Burgh est né en Argentine, a grandi en Écosse et a vécu en Afrique avant de s'établir en Irlande. Faut-il s'étonner que ses chansons soient plus populaires au Brésil, en Russie, en Allemagne et au Québec que dans les grands marchés anglophones?

Chris de Burgh est un conteur-né. Son deuxième album qui l'a révélé chez nous dans les années 70 s'intitulait Spanish Train and Other Stories, et il a rappliqué l'an dernier avec Moonfleet and Other Stories. S'il porte le nom de sa mère, explique-t-il, c'est parce qu'il se passionne pour les plus de 1000 ans d'histoire de la famille de Burgh qui compte parmi ses illustres membres Guillaume le Conquérant et l'évêque de Bayeux.

Paradoxalement, malgré le succès planétaire de sa ballade des années 80 The Lady In Red, ce n'est pas en Angleterre et surtout pas aux États-Unis que ses contes en chansons ont séduit les fans qui lui ont permis de vivre de son art depuis près de quatre décennies. «À ce jour, j'ai dû chanter dans 34 ou 35 pays, dit-il de Munich où il fait la promotion de sa prochaine tournée européenne. Mon premier album a marché en Amérique du Sud, mais nulle part ailleurs. À l'époque de Spanish Train, un représentant canadien de la compagnie de disques A&M m'a averti qu'il se passait un phénomène très étrange au Québec. À l'époque, CHOM faisait jouer des albums au complet et Montréal est devenu un tremplin pour plusieurs artistes comme moi et Supertramp. La dernière fois que j'ai chanté à Montréal, au Saint-Denis en 2005, le public s'est levé et m'a acclamé pendant environ quatre minutes. J'en avais les larmes aux yeux. Et ça va se répéter. Je ne sais pas si c'est parce que je parle français, à cause du son de ma voix ou de mes mélodies, mais ils adorent ce que je fais.»

Avant de chanter à Montréal, de Burgh s'arrêtera à Sherbrooke et à Québec. «Il y plusieurs années, je pouvais chanter devant 150 spectateurs dans une foutue boîte de Seattle, mais on me disait: «T'en fais pas, quand tu vas arriver à Montréal...» On pouvait jouer deux ou trois soirs au Forum ou une semaine au Saint-Denis ou encore à la Place des Arts, qui fut très importante pour moi à mes débuts.»

Après une absence de sept ans, au cours de laquelle il a enregistré un duo avec Marie-Élaine Thibert (Loin de moi) et a chanté aux récentes auditions de Star Académie, de Burgh nous revient avec un groupe de cinq musiciens pour un long spectacle de près de trois heures comprenant des chansons de Moonfleet and Other Stories, les classiques que lui réclame son public, quelques surprises et pas plus d'une ou deux reprises qui constituent l'essentiel de ses récents albums Footsteps et Footsteps 2. «Il y en a une qui passe vraiment bien en concert: Africa, du groupe Toto. Ceux qui ne m'ont jamais vu auparavant ne doivent pas s'attendre à ce que je leur susurre The Lady In Red pendant trois heures. C'est un show rock et les gens vont vouloir bouger.»

Des chansons marquantes

Sur le tout nouveau Footsteps 2, de Burgh reprend des chansons très connues de la façon la plus fidèle qui soit, comme autant de coups de chapeau à des auteurs-compositeurs qui l'ont marqué. «Je ne pense pas qu'il puisse y avoir d'autres façons de faire des chansons comme While You See a Chance de Steve Winwood, qui est très chatouilleux sur la façon dont on reprend ses chansons, Let It Be des Beatles ou Long Train Running des Doobie Brothers», explique-t-il.

Par contre, sa version de S.O.S. est fort différente de celle d'ABBA: «La plupart des gens ne saisissent pas que cette chanson parle d'un échec amoureux catastrophique. Ça s'intitule S.O.S., mais à cause de la réalisation dynamique, on ne s'en rend pas compte. Un ami m'a dit l'autre jour que c'était la première fois qu'il écoutait les paroles de cette chanson.»

Chris de Burgh étonne également en reprenant une chanson obscure du groupe est-allemand Karat parue en 1979: Seven Bridges, dont le texte a déjoué les censeurs de la RDA. «Ils ont conclu que ça parlait d'un homme qui connaissait une mauvaise journée alors que c'était le peuple est-allemand, épris de liberté, qui filait un mauvais coton», explique de Burgh.

Puis il ajoute: «Je suis un artiste qui apprend des autres, mais je n'entends pas beaucoup de nouvelles chansons intéressantes de nos jours. Peut-être que je n'écoute pas la bonne musique?»

Chris de Burgh sera en spectacle à la salle Wilfrid-Pelletier, les 7 et 8 mai.