Half Moon Run est un autre groupe dont les membres sont des Canadiens venus vivre à Montréal pour sa scène musicale. Et des années plus tard, c'est un autre groupe qui fait jaser de sa ville d'adoption sur la planète musique.

Au lendemain de notre entrevue, Conner Molander, Devon Portielje et Dylan Phillips devaient quitter Montréal pour Toronto. À peine de retour du Texas et du Festival South by Southwest (SXSW), Half Moon Run se produisait la semaine dernière à Toronto en formule «vitrine» dans le cadre du Canadian Music Week.

Une fois de plus, le groupe montréalais d'adoption y a obtenu des critiques élogieuses. Depuis sa participation à M pour Montréal l'automne dernier, une rumeur favorable prend de l'ampleur. Le journaliste des Inrocks s'est dit convaincu que «le groupe peut prétendre aux immensités», alors que le magazine NME a parlé des «Buzz Kings» de Montréal.

Avec son premier album, Dark Eyes, lancé mardi dernier, les membres de Half Moon Run sont impatients d'enfiler de véritables spectacles sans avoir «à se vendre» lors de showcases. «Jouer devant des représentants de l'industrie, ce n'est pas comme jouer devant des fans», dit Conner.

Et le buzz? «On a de la pression, mais nous souhaitons tout simplement que l'aventure se poursuive, répond-il. Dès le début, c'était évident qu'il y avait une bonne entente musicale entre nous et on veut que ça reste.»

Le choix de Montréal

Devon Portielje est originaire d'Ottawa, alors que Conner Molander et Dylan Phillips ont grandi à Comox, en Colombie-Britannique. «Devon a répondu à une annonce que nous avons mise sur Craiglist», explique Conner, qui est déménagé à Montréal pour faire des études en psychologie à l'Université McGill. «Mais j'ai toujours voulu être musicien, précise-t-il. Je suis venu ici avec cette intention.»

De son côté, Dylan Phillips s'est établi à Montréal pour étudier en piano classique au Conservatoire de musique. «Je pratiquais 12 heures par jour et j'envisageais de participer à des concours», se souvient-il. Mais la première fois que Devon, Conner et lui ont «jammé» un fameux soir magique d'octobre 2009, ses projets de devenir pianiste classique ont changé. «En plein jam, je me suis dit wow... c'était vraiment un moment spécial», raconte-t-il.

Les choses ont ensuite déboulé rapidement. Les gars ont commencé à faire des spectacles et l'étiquette Indica leur a offert un contrat en décembre 2010. «Cela nous a permis de nous consacrer uniquement à notre musique», indique Conner.

Il fut une époque où Half Moon Run comptait quatre plutôt que trois membres. «Avec une guitare en moins, il a fallu être plus créatif côté songwriting», explique Conner.

Half Moon Run signe une musique folk-rock, bonifiée d'effets électroniques à la Radiohead et Muse, et magnifiée par des harmonies vocales à trois. «Pour être dans le groupe, il faut chanter», blague Conner. «Chacun de nous a un apport égal à la musique du groupe, avec ses influences et ses inspirations», ajoute Dylan.

L'enregistrement de Dark Eyes s'est fait en deux temps. D'abord en Colombie-Britannique, puis à Montréal, au Studio Plateau, avec Daniel Lagacé et Nygel Asselin, qui signent la réalisation du disque. «Certaines chansons datent d'il y a deux ans, certaines sont plus récentes, mais le studio a fait partie de l'évolution des chansons, explique Conner. On n'a pas terminé le travail à Vancouver. Avec l'horaire qui était serré, c'était plus difficile d'être créatifs. Nous avions moins de temps pour trouver des textures. Nous avons beaucoup peaufiné nos trucs à Montréal.»

Le résultat est inspiré et de très grande qualité pour un premier disque fait par des musiciens au début de la vingtaine. Le premier extrait, Full Circle, séduit l'auditeur dès la première écoute. «Notre écriture suit une structure folk, mais on crée de l'espace pour ajouter des sonorités électros.»

Un horaire chargé

Il y a deux semaines, au Festival SXSW d'Austin, Half Moon Run avait, pour la première fois, la chance de se produire à l'extérieur de Montréal. Cela ne fait que commencer. Une tournée d'un mois en Europe s'en vient ce printemps, incluant une participation au Festival Great Escape, au Royaume-Uni. À Montréal, vous avez deux chances de voir le trio: lundi à la Sala Rossa et à l'été dans le cadre du Festival Osheaga. Quelques dates sont aussi prévues à Québec et en région, de même qu'aux États-Unis et en Australie.

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