Lundi matin, les gars des Sainte Catherines buvaient des mimosas en enfilant des entrevues dans un chic hôtel du Vieux-Montréal. «Comme Mick Jagger», blaguaient ceux qui ont dormi dans des parcs et des fossés d'autoroute lors de leurs nombreuses tournées à l'étranger. Après l'annonce par le groupe punk-rock de la fin de ses aventures, retour sur une formation qui a fait rayonner Montréal à l'international bien avant Arcade Fire.

Le dernier album des Sainte Catherines, Fire Works, annonçait la fin imminente de l'aventure du groupe punk-rock formé en 1999. «C'est décidé depuis deux ans. On n'avait plus assez de gaz», indique Fred Jacques.

«C'est venu dans le camion en revenant d'un show à Longueuil. On devait aller faire une tournée en Allemagne et ça ne nous tentait pas», ajoute Marc-André Beaudet.

Le plus beau de l'histoire, c'est qu'Hugo Mudie, Fred Jacques, Louis Valiquette et Marc-André Beaudet (qui se surnomment le Magnificient Four et qui ont vu une brochette de membres se joindre au groupe et le quitter) sont toujours des chums. «Je suis serein, dit Mudie. Des fois, je suis fier de ce qu'on a accompli. Des fois, je voudrais en faire plus. Mais j'ai l'impression qu'on a fait tout ce qu'on pouvait faire.»

Une histoire punk-rock

L'histoire des Sainte Catherines est un feuilleton punk-rock. Dans un message à leurs fans publié sur leur site web, les membres des «Sainte Cat'« parlent de miracles. Quand ils ont failli perdre la vie dans un accident de camion dans le Wisconsin, quand ils sont partis en tournée sans un sou en poche, quand des policiers les ont réveillés dans un parc en leur donnant des coups de pied, sans compter les abus en tout genre, les histoires de filles ou les deux fois où la bactérie mangeuse de chair a attaqué Hugo Mudie.

Puis, il y a les moments les plus heureux: les premières demandes d'autographe en Europe, la brosse à l'Escogriffe après avoir signé avec Fat Wreck Records, l'annonce de la paternité de certains membres, le spectacle sur les Plaines au Festival d'été de Québec, etc.

À leurs débuts, les Sainte Catherines ont su gagner le respect de leurs idoles punk-rock de jeunesse, que ce soit Leatherface, The Suicide Machines, NOFX ou Lagwagon. Ils ont fait rayonner Montréal à l'étranger, bien avant Arcade Fire. En entrevue en 2007, Malajube s'est dit peu impressionné de partir en tournée aux États-Unis. «The Sainte Catherines l'a déjà fait», a affirmé l'un de ses membres.

La tête pleine de souvenirs

Dans toutes ses déclinaisons, The Sainte Catherines possède une feuille de route solide de quelque 700 spectacles. «Quand il y a eu le numéro spécial sur les groupes de Montréal dans le magazine Spin [en 2005], j'avoue que ça m'a fait chier que notre nom ne soit pas là, indique Hugo Mudie. Mais en étant dans un band punk-rock, c'est naturel d'être rejeté. C'est déjà beau, la visibilité qu'on a eue dans les médias.»

Il ne reste que quatre spectacles à l'histoire des Sainte Catherines, dont un chant du cygne au Club Soda le 27 avril. Ensuite, les gars partent en limousine dans le chalet d'Hugo avec une boîte de souvenirs.

Rien ne peut évoquer la force des liens qui uniront à jamais Hugo Mudie, Fred Jacques, Louis Valiquette et Marc-André Beaudet. Bonne nouvelle, Hugo Mudie a l'intention d'écrire un livre. «La proximité que j'ai avec les gars du band est unique», dit-il.

Lisez mardi prochain dans nos pages un reportage complémentaire sur le succès à l'international des groupes rock de niche malgré un manque de visibilité dans les médias traditionnels.