Le Cabaret du Mile End affichait complet samedi soir alors que le trio montréalais Plants and Animals y présentait les chansons de son récent The End of That, lancé il y a une semaine... à moins que ce soit il y a 40 ans, puisque les influences du psychédélisme de la belle époque sont aujourd'hui encore plus marquées dans le son du trio.

Un drôle de retour vers le futur pour ces musiciens, presque méconnaissables depuis la sortie du premier album Parc Avenue en 2008. Partant d'un freak folk aux ambitions exprimées par des orchestrations singulières, Plants and Animals s'est retranché, deux albums plus tard, dans des références sixties américaines classiques, des Doors à Crosby, Stills, Nash & Young. Une seule constante a soutenu le parcours du groupe: ses performances live avaient du corps et de l'âme.

De l'âme élastique, pour paraphraser les Beatles. Après la chouette et cajoleuse performance du groupe invité, Thus: Owls, Plants and Animals a ouvert les vannes rock en se transformant en jam band inspiré pendant la première moitié du concert, pour ensuite perdre en énergie pendant la dernière portion de la soirée, offrant somme toute une bonne performance même si l'élastique nous a semblé un peu trop tiré.

Ouvrant le concert avec Crisis!, du récent disque, le trio (qui avait recruté trois autres musiciens en début de concert, ne conservant qu'un bassiste pour le reste de la soirée) s'est dressé comme le soleil sur les côtes californiennes par un été torride, une impression accentuée par la dégaine du chanteur et guitariste Warren Spicer et sa chemise hawaïenne déboutonnée. À ses côtés, Nicolas Basque faisait de la magie avec sa belle Gibson SG, déclinant son riff jusqu'à transformer la composition en un long jam hypnotique.

Clairement, les gars avaient hâte de revenir à la scène, «après avoir répété ces chansons pendant des mois», a indiqué le chanteur avant de siffler l'intro de Feedback in the Field, du premier album.

Pendant six ou sept chansons, Plants and Animals fut torride: Song For Love, parfaite; la méconnue Lola Who?, particulièrement brillante avec son crescendo de guitares et sa mélodie beatlesque. The Mama Papa a fait des ravages, alors que le trio dévoilait quelques affinités punk dans l'exécution.

Puis la tension est retombée. Comme si, une fois la glace brisée, le groupe s'était relâché en trouvant réconfort dans les grooves folk acoustiques. C'était joli sur Game Shows, encore plus sur la nouvelle No Idea, mais, après une entrée en matière si vigoureuse, la fin du concert nous a paru s'éterniser, même en dépit des nouvelles Before et Why & Why qui ont permis au groupe de fouetter de nouveau la foule.