En plus de la troupe de cirque Les 7 doigts de la main, un important regroupement de festivals et de promoteurs de musique désire s'installer dans l'immeuble de l'ancien Musée Juste pour rire. Ils veulent donner au 2111, boulevard Saint-Laurent le nom de La Ruche.

Greenland Productions et le festival MEG, avec l'appui de Pop Montréal, du Fringe, de Piknic Electronik, d'evenko et du Musée du rock'n'roll, s'unissent dans un projet de salle de spectacle et d'espaces multifonctions soumis à la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM). En septembre dernier, la SHDM a racheté l'immeuble du Groupe Juste pour rire - pour une somme symbolique - dans l'intention de lui trouver rapidement un nouveau propriétaire.

Dans les années 90 et 2000, le défunt Cabaret Juste pour rire (aussi appelé Cabaret Music-Hall) était l'une des salles de spectacle émergentes les plus courues en ville, attirant des artistes locaux et internationaux promis à un brillant avenir. Y sont passés les Adele, Justice, Jon Spencer, Diana Krall, The Strokes, Mumford and Sons, Martha Wainwright et The Unicorns.

Dan Webster (Greenland) et Mustapha Terki (MEG) ont déjà eu des rencontres avec des gens du Quartier des spectacles, de la Ville de Montréal et du ministère de la Culture. Ils croient que leur projet est au coeur de la mission du Quartier des spectacles. «Dans notre secteur, il manque un lieu, plaide Mustapha Terki. Nos événements sont des incubateurs qui n'ont pas les moyens des autres installations du Quartier des spectacles.»

«On ne propose pas qu'une salle de spectacle, mais un centre multifonctions», poursuit M. Terki. Le regroupement derrière le projet prévoit maximiser le potentiel du bâtiment avec des bureaux, des locaux de répétitions, des espaces de création où l'on peut tourner des vidéos et accueillir des artistes en résidence, sans compter «un lieu ouvert avec un café» et une microbrasserie (en hommage à la vocation première de cette ancienne brasserie). En période de festivals, La Ruche pourrait servir de quartier général avec des stands d'accueil, des salles de presse et de conférences, etc.

Avec tous les partenaires engagés, le projet de La Ruche représente déjà un potentiel de 200 spectacles par année et une clientèle de 160 000 spectateurs. «La formule gagnante de notre projet est notre association, fait valoir Mustapha Terki. À Montréal, on commence enfin à travailler en regroupement au lieu de travailler en concurrents.»

Dan Webster vante l'importance de la salle de quelque 250 places pour sa boîte Greenland (qui est derrière les spectacles récents de Feist et Bon Iver). «On peut prendre des risques et accueillir des artistes qui deviendront gros.»

Contrairement à d'autres lieux, les conditions de spectacles y sont «extraordinaires» . «Les rénovations qui y ont été faites ont encore de la valeur pour nous et la vocation historique des lieux aussi. C'est un endroit spécial qu'on ne veut pas réinventer.»

Le projet de La Ruche permettrait au Quartier des spectacles de proposer de l'art underground et émergent, en complémentarité avec la SAT, fait valoir Dan Webster. «Tous les festivals de niche seront servis.»

Jointe par La Presse, la direction des 7 doigts de la main, qui convoite également l'immeuble, préfère ne pas faire de commentaires. La troupe de cirque souhaite que l'ancienne brasserie Ekers, construite en 1894, conserve sa vocation culturelle et ne soit pas transformée en condos.

De son côté, le responsable du dossier à la SHDM, Carl Bond, est en vacances. «Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a des pourparlers avec un organisme culturel», a indiqué sa collègue Me Josée Racicot. Selon nos informations, la société paramunicipale a consacré des sommes importantes au fonctionnement et à l'entretien du bâtiment.

En décembre dernier, Carl Bond avait dit à La Presse vouloir s'en départir rapidement. La Ville ne cachait pas sa préférence pour la proposition des 7 doigts de la main et la SHDM était prête à signer une lettre d'entente avec la troupe en attendant un engagement financier du ministère de la Culture (la troupe espérait obtenir de Québec la moitié de la somme de son projet de 13 millions de dollars).

Pour leur part, Greenland et le MEG ont besoin d'environ 1,5 million pour que le lieu soit «conforme en matière de sécurité». Mais il reste à voir si la SHDM prendra leur projet en considération.

SUGGESTION DE LA SEMAINE

Twilight Sad: Le nom du groupe annonce d'emblée que sa musique n'est pas faite pour danser, mais pour rebrasser ses tourments intérieurs. Si vous aimez le rock introspectif d'Interpol, plongez dans l'album No One Can Ever Know du groupe écossais. L'accent écossais du chanteur James Graham ajoute beaucoup de magnétisme à l'ensemble, même si les claviers new wave sont défraîchis. www.thetwilightsad.com

EN RAFALE

> Metric lancera son cinquième album le 12 juin et il aura pour titre Synthetica. Sur son blogue, la chanteuse Emily Haines indique que ce sera la «culmination» musicale du trio.

> Arcade Fire a dévoilé Abraham's Daughter, l'une des deux chansons que le groupe a composées pour le film The Hunger Games.

> The Weeknd, derrière qui se cache l'énigmatique chanteur R&B torontois Abel Tesfaye, sera en spectacle au Métropolis le 23 mars.

SORTIES DE LA SEMAINE

> Apprentie guerrière, Fanny Bloom

> Star Académie 2012

> Wrecking Ball, Bruce Springsteen

> Break It Yourself, Andrew Bird

> Let Go, Revolver

> Always, Xiu Xiu