Au départ, Young the Giant devait faire sa rentrée montréalaise ce soir au Cabaret Mile End. Mais fort d'un intérêt sans cesse grandissant, la jeune formation alternative américaine grimpera finalement sur la scène du Théâtre Corona, qui accueille presque deux fois plus de spectateurs.

Une bonne chose puisque le groupe se produira quand même à guichets fermés.

Jadis nommé The Jakes, le groupe, rebaptisé Young the Giant en 2009, après quelques changements de musiciens, commence à faire parler de lui grâce à son premier album éponyme. sorti en 2011. Ce dernier a été réalisé par Joe Chiccarelli, qui a notamment travaillé avec de grosses pointures comme Beck et U2. La sortie des singles Couch Syrup et Apartment ont permis au groupe de se donner un son et une personnalité.

Mais c'est d'abord l'énergique Body qui a contribué à propulser le groupe et à le sortir de l'ombre. La vidéo officielle de la chanson a été visionnée près de 4 millions de fois sur YouTube. Le groupe s'est construit une crédibilité, brique par brique, en assurant avec brio les premières parties de groupes comme King of Leon.

Fait surprenant, ce premier disque est produit par la maison Roadrunner Records, qui verse d'ordinaire dans le métal en signant des groupes comme Megadeth.

La chanson Body, qui rappelle un peu le son rock-pop festif et rassembleur des The Strokes ou The Killers, détonne d'ailleurs avec le reste de l'album. La plupart des titres reflètent l'ambiance d'une bande de potes - les membres du groupe se connaissent depuis l'école secondaire - qui s'éclatent les pieds dans le sable, à la façon de Jack Johnson. La chanson Island s'ouvre même avec le bruit des vagues. La forte présence des choeurs ajoute aussi une saveur gospel détendue.

Le premier concert montréalais aura un caractère singulier pour le batteur François Comtois, qui a grandi à Pierrefonds avant d'aller s'installer aux États-Unis, il y a une dizaine d'années. Il ne cache pas son enthousiasme à voir le groupe quitter le garage où il est né pour frayer avec les ligues majeures. En entrevue, il avoue avoir été surpris du succès de l'album. «On n'était pas sûrs de partir en tournée, mais on a changé d'idée en voyant les réactions», explique le musicien de 23 ans.

Les influences du groupe sont multiples et s'emboîtent sans trop de difficulté dans le courant indie-rock. «On a tellement de héros. On adore la musique des années 60 et 70», souligne François Comtois.

Le groupe a aussi la chance de pouvoir compter sur le flamboyant chanteur Sameer Gadhia, doté d'une voix aérienne qui rappelle Chris Martin, Patrick Watson et même vaguement Sting.

Mais vu l'éventail des instruments utilisés pour meubler les pièces, tous les musiciens ont la chance de démontrer leur savoir-faire. Pour François Comtois, il s'agit de Street Walker, trop rare pièce rapide et plus technique à la batterie. «Pour le prochain album, on aimerait plus de groove», avoue le batteur.

D'ici là, Young the Giant devrait continuer à faire parler de lui et, qui sait, à s'imposer dans des salles de plus en plus grandes.

À petits pas de géant.

Young the Giant, avec Walk the Moon, ce soir, à 21h, au Corona.