Dans l'élan du plus récent album Get Your Heart On!, Simple Plan roulait jusqu'à nous pour déballer son artillerie encore assez lourde pour les fans, plein de jeunes, mais aussi certains de plus en plus vieillissants. N'est-ce pas le lot des groupes qui durent plus de 10 ans? Deux douzaines de chansons canardées dans un Centre Bell gonflé à bloc, tout le monde, sur scène comme dans les gradins, était comblé.

Poursuivant sa tournée nord-américaine, le quintette pop-rock montréalais Simple Plan rentrait hier soir au bercail, si on peut dire ainsi d'un groupe qui joue chez lui avant de reprendre la route le lendemain pour un autre amphithéâtre. Enfin, ce qu'il faut comprendre du concert offert hier, c'est que les 11 600 fans ont passé la soirée debout à crier les paroles des ritournelles de leurs héros, à nous faire regretter d'avoir oublié d'apporter des bouchons.

Jeunesse éternelle

On a beau dire que les gars commencent à se faire vieux pour chanter des refrains d'ados, force est de reconnaître qu'ils le font comme s'ils avaient encore dix-huit ans. Après une brève introduction vidéo où les musiciens se moquaient allègrement d'eux-mêmes et du statut de rock stars, le vieux succès Shut Up a sonné le début du spectacle. Pierre Bouvier debout sur son moniteur, les gars proprement disposés d'un bout à l'autre de cette scène sobrement décorée d'écrans LED et d'amplis rouges et blancs, ils ont avalé leur public d'une bouchée.

Simple Plan n'a pas fait de quartiers sur Can't Keep avant que le chanteur ne s'adresse une première fois aux bruyants spectateurs devant lui. «Je veux que tout le monde saute!», commandait-il pour introduire (vous l'aurez deviné) Jump, un autre classique du groupe.

Du punk des origines, celles du groupe Reset avant de se muer en Simple Plan, il ne reste aujourd'hui que quelques relents enfouis sous les guitares lisses et les refrains accrocheurs.

Get Your Heart On!, comme son disque précédent, tirait le quintette de plus en plus vers la pop. Il ne faut donc pas trop s'étonner, ni s'offusquer, si se glissent parfois des refrains trop sucrés - le I Got a Feeling des Black Eyed Peas pendant Jump. Le pot-pourri avec danseurs en lycra, lui, était cependant de trop: Moves Like Jagger, Dynamite de Taio Cruz et la bombe de LMFAO. Un coup parti, pourquoi pas seulement allumer la radio?

Une coquille dans un concert généreux, dont on apprécie davantage les titres musclés que les (nombreuses) ballades. Freaking Me Out, une des meilleures chansons du récent disque, n'a pas reçu l'accueil qui lui était dû. Pour Jet Lag, avec la présence de Marie-Mai, vous pensez bien, c'était le délire mérité. Tant que Simple Plan continuera de donner des spectacles comme ça, il n'a pas à s'inquiéter pour son avenir.