Le début d'année 2012 est formidable pour les amateurs de bass music. Deux étoiles de la scène l'une montante, le Montréalais Jacques Greene et l'autre, confirmée, le Britannique Burial ont offert chacun des EP à écouter en boucle. Détaillons.
Révélé fin 2010 par la chanson Another Girl, le producteur néo-garage Jacques Greene a connu une fulgurante année 2011. Il y a quelques semaines, il inaugurait son étiquette, Vase, avec quatre compositions inédites réunies dans ce EP, Concealer, tiraillé entre le house et le r&b.
Greene n'a pas tenté de répéter la simplicité aguichante d'Another Girl, mais sublime ses propres influences sur les pistes instrumentales du EP, et particulièrement pendant les neuf rêvasseuses et magnifiques minutes d'Arrow, portant la signature garage house qui a fait son succès. Or, lorsqu'il flirte avec le r&b, Greene frappe encore dans le mille avec Flatline (et la voix d'Ango), et on se plaît à rêver que le Montréalais vise ensuite les palmarès pop...
Quant à Burial, chacune de ses parutions est célébrée par ses fans, et Kindred ne fait pas exception. D'autant que l'élusif producteur londonien s'y réinvente, un an après avoir rebrassé sa recette garage futuriste sur le néanmoins excellent EP Street Halo.
Son remix de 12 minutes du Paradise Circus de Massive Attack aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Kindred est constitué de deux «suites» de plus de onze minutes, entrecoupées par Loner, la mieux adaptée aux planchers de danse avec son tempo house soutenu, ses basses râcleuses et des arpèges de synthés inusités chez Burial.
Sur la chanson-titre, et surtout sur l'épique Ashtray Wasp, Burial démolit les structures d'un succès de club en amenant constamment de nouveaux thèmes, mélodies vocales et atmosphères dans une même composition. Entre les rythmes garage/dubstep et le soundscaping, les voix filtrées et recyclées, Burial nous entraîne dans les coulisses d'une boîte de nuit hantée par ses bruits de fond et clics de percussions distinctifs. Beau et étrange.