Le groupe pop-punk montréalais Simple Plan vient d'amorcer une tournée asiatique qui le conduira dans sept pays au cours des prochaines semaines, dont la Chine, où quatre pièces tirées de l'album Get Your Heart On! ont été censurées.

Impossible, en effet, de se procurer les titres Can't Keep My Hands Off You, You Suck at Love, Loser of the Year et Freaking Me Out en Chine. Depuis le 19 août dernier, les autorités chinoises interdisent aux sites internet de musique d'offrir une centaine de chansons, dont quelques-unes de Simple Plan, prétextant que leurs paroles, jugées trop érotiques, «portent préjudice à la sécurité de la culture d'État». Lady Gaga, Beyoncé Knowles, Take That et même les Backstreet Boys sont aussi visés par cette décision.

«On ne pourra pas jouer ces chansons-là»

À ce sujet, le guitariste Jeff Stinco demeure prudent. «Simple Plan n'a jamais fait de politique, a-t-il dit à La Presse. En Chine, il y a un régime en place. On ne le remet pas en cause, on ne veut pas prendre position, ce n'est pas notre responsabilité. L'important, pour nous, c'est de venir voir nos fans, point final. Ce qui est triste, par contre, c'est qu'on ne pourra pas jouer ces quatre chansons-là...»

Deux pièces interdites (Can't Keep My Hands Off You et You Suck At Love) figuraient pourtant au menu du concert, vendredi soir dernier, à Pékin, où nous étions. Cabotins, les membres du groupe en ont également profité pour multiplier les expressions salaces et les pitreries, preuve que, malgré son indiscutable popularité, Simple Plan peut encore entamer sans complexe son premier succès, I'm Just a Kid.

Can't Keep My Hands Off You et You Suck At Love sont toutes deux des chansons d'amour. Can't Keep My Hands Off You raconte une histoire d'amour très passionnée: Cuz on the street, or under the covers (Parce que dans la rue ou sous les couvertures) We're stuck like two pieces of velcro (Nous sommes collés comme deux morceaux de velcro). At the bar in the back of my car (Au bar ou à l'arrière de ma voiture), It don't matter what I do (Peu importe ce que je fais), No, I can't keep my hands off you. (Non, je ne peux pas arrêter de te toucher).

You Suck At Love est aussi une histoire d'amour, mais une histoire qui finit mal: You've messed this whole thing up (Tu as tout fait foirer), Well you were such an awesome fuck (Tu étais une baise incroyable). But you suck at love, you suck at love (Mais nulle en amour, nulle en amour).

Différentes réalités

Depuis la parution de son deuxième album, Still Not Gettin' Any, en octobre 2004, Simple Plan connaît une célébrité planétaire qui ne se dément pas, une réalité avec laquelle la formation a appris à fonctionner en respectant ses différents publics. Par exemple, la chanteuse anglaise Natasha Bedingfield, qu'on peut entendre sur la chanson Jet Lag, a été remplacée par Marie-Mai pour le marché francophone, et par Kelly Cha pour le marché chinois. De même, la chanson Summer Paradise a été lancée cet hiver en Australie, les saisons étant inversées dans l'hémisphère sud.

«Oui, d'un côté, il y a la mondialisation, admet le doyen du groupe, Jeff Stinco. Mais il y a aussi, de plus en plus, ce souci de cultiver les arts localement. Depuis des années, nos fans nous demandent de communiquer avec eux et une chanson, c'est le meilleur moyen de le faire.»

Admirateurs loyaux et assidus

Même si une décennie s'est écoulée depuis la parution de l'album No Pads, No Helmets... Just Balls, l'engouement que suscite Simple Plan demeure étonnamment vif. Jeff Stinco attribue cette longévité à l'engouement des fans: «Il y a des gens qui ont vu jusqu'à 100 concerts et qui ont parcouru la planète pour nous suivre! Ces gens-là sont avec nous depuis le début, malgré nos bonnes et nos moins bonnes chansons.»

Simple Plan fera une halte au Canada le mois prochain avant d'entamer une tournée européenne au mois de mars. Le quintette sera de passage au Centre Bell le 23 février, en plus de s'arrêter à Ottawa le 24, à Chicoutimi le 28 et à Shawinigan le 29.