L'équipe des Arts de La Presse publiera demain son top 30 des artistes qui ont marqué 2011, toutes disciplines confondues. Céline Dion n'y sera pas pour une raison toute simple: l'ampleur de son succès et son rayonnement international en font une artiste à part. Une immortelle. Elle nous parle de cette année intense marquée par sa rentrée à Las Vegas.

En mars dernier, l'affiche la montrant de dos était omniprésente à Las Vegas: Celine's back! Depuis, en une cinquantaine de représentations, Céline Dion a chanté devant plus de 200 000 spectateurs au Colosseum, des statistiques hors de portée pour la plupart des artistes dans toute une carrière.

Pourtant, c'était presque une année tranquille pour la chanteuse: pas de tournée mondiale ni de nouveau disque. Imaginez ce que ça sera en 2012, quand elle lancera coup sur coup deux albums, en anglais en avril, en français en octobre, et qu'elle aura donné son spectacle environ 70 fois à Las Vegas.

La Presse a donc décidé de lui créer un petit panthéon - où elle cohabitera avec un autre ambassadeur québécois, le Cirque du Soleil - pour témoigner de cette carrière sans commune mesure qu'elle continue de mener.

Un peu de répit

Si René Angélil a toujours lu et écouté avec intérêt ce qu'on disait de Céline Dion, la chanteuse, elle, ne s'intéresse pas du tout aux concours, aux sondages ou autres instruments de mesure de sa popularité ou de ses exploits. «Elle est très compétitive dans tout ce qu'elle fait, elle veut toujours que ce soit bon, mais elle ne se préoccupe pas du tout de gagner des prix», dit son mari et imprésario.

Quand elle nous appelle dans la voiture qui la mène à l'aéroport en Floride, elle est bien plus occupée à vérifier si elle n'a rien oublié: «On s'en va à Denver aller-retour dans le froid, j'ai un enfant à l'école, deux autres qui dorment dans le carrosse. Il y a toujours un petit rush avant de partir, mais tout va bien, je suis assise.»

Le soir même, elle sera l'invitée-surprise d'un gala en hommage à la famille de Phil Anschutz, grand patron de AEG qui produit ses spectacles en plus d'être propriétaire des Kings et des Lakers de Los Angeles et de quelques arénas. Quelques jours plus tard, la famille Dion-Angélil quittera à nouveau la Floride pour des vacances de ski dans l'Utah, une grande première pour eux, qui ont l'habitude de passer l'année à la chaleur. «René insiste pour que je vous dise qu'on va aussi en Utah parce que c'est juste à côté de Las Vegas», ajoute aussitôt la chanteuse.

Céline, on le sait, a fait sa rentrée à Las Vegas alors que ses jumeaux, Nelson et Eddy, n'avaient pas cinq mois. «Ç'a été un tourbillon rushant mais, dans le fond, ma vie s'est presque toujours déroulée à ce rythme-là, commente-t-elle. Je viens d'entendre René vous dire qu'on a fait 54 shows et qu'il en reste 16 dans la première année, et je trouve que ç'a passé terriblement vite.»

Le fait de remonter sur la scène du Colosseum le 28 décembre va lui permettre de se reposer un peu, confie-t-elle: «J'ai l'air de faire une blague, mais j'ai des enfants qui ne dorment pas beaucoup. Ils tiennent de nous: ils veulent tout voir, tout savoir, ils veulent se faire prendre, dormir avec nous et qu'on soit toujours à leurs côtés. À Las Vegas, ma soeur adorée va prendre le quart de nuit pour que je puisse dormir et performer. Quand j'ai des cernes sous les yeux, ça s'arrange, mais quand j'ai une petite voix rauque, on ne peut pas mettre de maquillage là-dessus. Ça prend du sommeil et de l'entraînement.»

Ce nouveau spectacle, qu'elle a monté avec le metteur en scène américain Ken Ehrlich et son équipe québécoise à laquelle s'est greffée la boîte multimédia montréalaise Moment Factory, lui ressemble davantage que le précédent, signé Franco Dragone. Elle s'en réjouit et tente une explication.

«C'est peut-être parce que je me suis impliquée davantage et qu'on s'est beaucoup amusés à le préparer. C'est peut-être aussi une question de maturité. Le show est moins rapide, son rythme est plus posé, moins fou, et j'ai l'impression d'habiter la scène plutôt que de courir entre deux chansons. On dirait que je ne me bats plus avec moi-même.»

Elle ajoute: «On se remet toujours en question et je pense que ça explique en partie notre succès. Il faut qu'on soit convaincu qu'on fait la bonne chose, mais il faut aussi être un peu nerveuse pour vouloir se donner à 100%.»

Des petits changements

Avant de quitter la Floride, Céline Dion a travaillé avec son coach vocal et elle a reçu la visite de la styliste Annie Horth, histoire de changer quelques costumes de scène. Le spectacle lui-même sera un peu modifié, le duo avec Stevie Wonder étant remplacé par un autre, tout aussi virtuel, avec Andrea Bocelli sur la chanson The Prayer. Le même Bocelli avec qui Céline a chanté à Central Park devant des dizaines de milliers de spectateurs par un temps maussade, en septembre dernier. «The Prayer est plus appropriée pour le temps des Fêtes, mais Stevie Wonder va sûrement retrouver sa place dans le spectacle», promet René Angélil.

«On ne veut pas que les gens qui reviennent voir le show se disent: «Ça paraît qu'elle l'a fait 422 fois», reprend la chanteuse. Il faut toujours qu'il y ait une étincelle provoquée par un changement de costume dans le numéro de Michael Jackson ou par une nouvelle chanson. C'est ça qui fait que c'est vivant et que c'est le fun chaque fois.»

De ses deux albums attendus en 2012, elle dit que le travail est à peine amorcé: «On reçoit encore des chansons, on fait de belles découvertes. On s'assure toujours d'avoir les bonnes chansons au bon moment. Les enregistrements vont se faire entre deux séries de spectacles, mais comme le studio est à 10 minutes de la maison, ça ne pose pas de problème. Ça va être le fun d'ajouter trois ou quatre nouvelles chansons dans le spectacle.»

Le 28 janvier 2012, Céline sera la vedette du Festival de jazz de Montego Bay, en Jamaïque, une première pour elle. Elle pigera dans le répertoire de son spectacle actuel et y ajoutera deux chansons, dont Treat Her Like a Lady, qu'elle fera en duo avec celle qui l'a écrite, la Jamaïcaine Diana King, qui faisait le rap sur cette chanson de l'album Let's Talk About Love. Mais il lui reste encore trois spectacles à donner à Las Vegas avant qu'elle puisse faire une croix sur 2011.

«Ce fut une année extraordinaire, dit-elle encore. On s'est offert le plus beau cadeau, celui de la vie: nos enfants, c'est ce qu'on a de plus cher, de plus précieux, et ils nous rendent tellement heureux! Tant mieux si on peut partager ce bonheur-là à travers une chanson, un spectacle ou une entrevue.»