Pas surprenant que la chanteuse Adele n'ait pu empêcher sa voix de se désintégrer au cours de la dernière année - après tout, l'instrument robuste de la Britannique de 23 ans a été entendu dans pratiquement tous les iPod, tous les cafés et les haut-parleurs de voiture d'Amérique du Nord dans les 12 derniers mois.

Le deuxième album d'Adele, 21, a séduit des mélomanes de tous les groupes d'âge et trôné si longtemps au sommet des palmarès qu'il a semblé mener son propre mouvement «Occupy Billboard».

L'album a été certifié diamant au Canada, où il s'est vendu à plus de 800 000 exemplaires selon les données remontant au mois de novembre.

En Grande-Bretagne, plus de 3,4 millions d'albums ont trouvé preneur. Du coup, 21 est devenu l'album le plus vendu de ce jeune début de siècle au pays.

Adele a également conquis les États-Unis, où son album a reçu une certification quadruple platine en octobre.

Et lorsque la chanteuse débarquera à la cérémonie des Grammy, en février, elle courra la chance de remporter six statuettes, dont les plus prestigieuses, soit celles pour le meilleur enregistrement, la meilleure chanson et le meilleur album.

Lorsque 21 s'est retrouvé sur les tablettes, l'industrie musicale n'en a pas fait tout un plat. Ce n'est plus le cas.

«Selon moi, depuis 10 mois, l'industrie tente par tous les moyens de dupliquer Adele», observe la critique spécialisée en musique du Entertainment Weekly, Leah Greenblatt.

«Ils donnent de nouvelles consignes à leurs divisions A&R («Artists and Repertoire», qui se chargent de la découvrir de nouveaux talents ou recruter des artistes). Ils leur disent: «Trouvez une fille avec la voix. Elle ne doit pas forcément porter des pantalons ajustés sexys et n'a pas à tourner des vidéoclips aguichants. Elle doit seulement être fantastique'», analyse Mme Greenblatt.

Personne ne s'attendait à ce qu'elle connaisse une année aussi fulgurante, ajoute la journaliste. Après tout, Adele avait signé un contrat avec une maison de disques indépendante britannique, ne disposait pas d'un énorme budget de marketing et n'avait pas collaboré avec de grands noms afin de mousser la sortie de 21.

«Ce qui est intéressant, c'est qu'Adele n'est pas une poupée «pinup', ses vidéoclips ne sont pas exubérants, elle n'a pas vraiment été dans les tabloïds et n'a rien fait de scandaleux», fait remarquer Alan Cross, animateur de l'émission radiophonique The Secret History of Rock.

«Tout cela s'est passé de façon «organique'... Alors cet album a nécessairement quelque chose d'authentiquement puissant sur le plan musical», ajoute-t-il.

Alors que l'album précédent, 19, était plutôt doux-amer, 21 est carrément mélancolique. Un album sur lequel la voix d'Adele semble à elle seule braver la tempête avec puissance et grâce.

«L'album a fait sensation parce qu'elle est incroyablement talentueuse», résume Bob Rock, un producteur musical renommé de Winnipeg.

«Lorsqu'un album est aussi bon que celui-ci, avec une artiste aussi douée, tu veux l'acheter. C'est la valeur de la vraie bonne musique», conclut-il.