Shilvi: l'insouciance de l'enfance

Dix ans après Ma petite poupoune, qui l'a propulsée grande soeur préférée des tout-petits, Shilvi sort cet automne un cinquième disque, Les zédemis. Sa maman, Sylvie Dumontier, n'en est pas peu fière.

Lorsque Shilvi est née en 2001, elle n'avait pas de plan de carrière. Sylvie Dumontier et son chum Denis Larochelle, qui écrivent, composent, produisent et enregistrent leurs disques dans leur studio maison, se sont pourtant retrouvés à la tête d'une petite entreprise qui a changé leur vie - ils gèrent même les produits dérivés!

«Le premier disque de Shilvi est arrivé en même temps que ma première fille, raconte Sylvie Dumontier, qui avant cela était recherchiste à la télé. J'aime bien cette idée d'avoir plusieurs vies dans une vie.»

Celle-ci est bien remplie depuis 10 ans. Par exemple, Les zédemis - comme dans cinq ans «et demi» - arrive quatre ans après 14 pistes pour débutants et intermédiaires parce que Sylvie Dumontier était trop prise par les spectacles de Shilvi. Après avoir longtemps résisté à l'appel de la scène, elle parcourt la province depuis trois ans avec son personnage de petite fille espiègle aux tresses rousses. Dès janvier, elle reprendra d'ailleurs le collier avec un spectacle tiré de ce nouveau disque.

Ceux qui sont familiers avec Shilvi ne seront pas dépaysés par Les zédemis. Les autres découvriront un univers ludique et tendre peuplé d'animaux, fait de jeux de mots et de tranches de la vie de Shilvi, petite fille de 5 ans à l'imagination débridée. Le tout toujours enveloppé d'une douceur propre à la petite enfance.

«Shilvi est petite, et il me semble que ça appelle un univers douillet. C'est l'insouciance de cet âge qui m'intéresse, comme dans «la douce insouciance» de Musset, loin des préoccupations adultes. Shilvi vit dans un cocon, et c'est ce que je veux transmettre.»

Un univers chaleureux et enveloppant qui parle aussi du quotidien d'une famille dans tout ce qu'il a de plus joyeux, de ses rituels, de ses odeurs, de tout ce qui meuble les souvenirs d'enfance. Beaucoup de parents se confient d'ailleurs à Sylvie Dumontier. Elle en parle avec émotion: elle a entendu des choses bouleversantes et touchantes au cours des années. Surtout, elle a constaté que ses chansons ont parfois permis à des enfants d'exprimer leurs sentiments. «Les enfants vivent plein de choses et moi, je le ressens profondément. Pourtant, je n'ai pas aimé être une enfant. J'aurais tellement voulu être grande!»

Liberté

On a souvent reproché à Shilvi sa voix de petite fille, une critique qui atteint peu Sylvie Dumontier. «Ceux qui disent que c'est trop aigu ne m'ont jamais vraiment écoutée. La voix de Shilvi ressemble en fait beaucoup à la mienne», raconte la chanteuse de 46 ans, qui dit avoir commencé à l'utiliser lorsqu'elle était à l'université. «J'imagine que Shilvi était à l'époque plus irrévérencieuse...»

Elle sait, de toute façon, que beaucoup de parents aiment sa musique «simple, mais pas simpliste» et ses textes, toujours travaillés. «J'adore écrire pour les enfants parce que ça donne une grande liberté. On peut jouer avec les sonorités, aller dans l'absurde, être flyé ou terre à terre, faire des comptines», dit la chanteuse qui aime les univers de Fifi Brindacier, de la Souris verte et de Sol et Gobelet. Sur Les zédemis, elle s'amuse avec Un train de dindons, fait téléphoner Shilvi chez tous ses amis dans Jouer chez moi, et joue avec les noms d'animaux sur AniMozart - «Le lapin peint sa clôture. Le serpent pend la crémaillère...»

«Je travaille beaucoup sur mes textes. L'écriture, pour moi, c'est de l'acquis, alors que la musique est ma langue maternelle. Mon ordi est plein de mélodies.» Sylvie Dumontier se considère comme une musicienne d'abord et regrette que les disques pour enfants soient souvent regardés de haut.

«Comme si on était juste un sous-produit. On ne fait pas ça avec la littérature jeunesse, avec le théâtre ou le cinéma! Je ne suis pas pédagogue, mais il me semble que les enfants ont le droit d'écouter une musique qui les rejoint, dans laquelle ils se sentent bien. C'est aux parents de contrôler le nombre de fois qu'ils l'écoutent dans une semaine!»

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