Pour la première fois en six ans, le clan McGarrigle-Wainwright va fêter Noël à Montréal, dimanche soir au Saint-Denis, avec des invités comme Robert Charlebois, Chloé Sainte-Marie et Monique et Michèle Mercure. Un concert à la mémoire de Kate McGarrigle dont nous parlent ses enfants Rufus et Martha et sa soeur Anna.

Anna McGarrigle croise encore des gens qui se souviennent des deux concerts de Noël que le clan McGarrigle-Wainwright a donnés au théâtre Outremont en 2005: «Ils ont adoré ça même si ça n'était pas parfait sur le plan technique. Nous autres, on avait décidé d'avoir du fun et de s'habiller comme des folles. C'est ça que les gens s'attendent à voir dimanche.»

Dans ce «nous autres», il y a évidemment Kate, son inséparable soeur cadette, qui a succombé à un cancer en janvier 2010. «C'est l'esprit de Kate que nous espérons faire renaître sur scène», dit Anna en pensant au concert de dimanche au Théâtre St-Denis dont les recettes vont être versées à la fondation de Kate McGarrigle.

Il était naturel que ce premier concert de Noël depuis de mort de Kate ait lieu à Montréal, sa ville. Rufus Wainwright, le fils de Kate, explique: «Il y a aussi que ma soeur Martha et moi avons maintenant de jeunes enfants. Martha vit à Brooklyn tandis que ma fille passe beaucoup de temps à Los Angeles et à Paris. C'est très important pour nous comme parents de conserver nos racines à Montréal et de lancer une tradition qui va tous nous ramener au lieu de naissance de notre famille et de notre musique.»

Martha abonde dans le même sens: «Rufus et moi, nous voulons continuer à amasser des sous pour la fondation de Kate et aussi la garder avec nous en esprit le plus longtemps possible. Le show nous permet cela. Je pense qu'on va le faire tous les ans, sinon aux deux ans, et Montréal pourrait en être le port d'attache, pourquoi pas?»

Pour sa part, Anna n'est pas certaine qu'il y aurait un concert de Noël si la fondation de sa soeur n'existait pas. Après sa disparition, elle a renoncé à faire carrière dans la chanson. Mais tout récemment, elle a éprouvé un plaisir certain à chanter avec sa fille Lily et sa nièce Martha pour le cinquième anniversaire du Centre du cancer Segal de l'Hôpital général juif: «Je me suis dit: mon Dieu! j'adore encore ça, chanter.»

Les invités

Les concerts de Noël, c'était l'affaire de Kate qui les harcelait pendant des mois pour savoir ce qu'ils allaient chanter, se souvient Martha. Sans doute que le fait d'avoir grandi à la campagne, à Saint-Sauveur, y était pour beaucoup, suppose Anna.

Ils racontent avec émotion la dernière présence sur scène de Kate lors du concert de Noël au Royal Albert Hall de Londres en décembre 2009. Avant que le rideau s'ouvre, elle était étendue sur un sofa, incapable de marcher, mais elle a quand même joué et chanté pendant deux heures et demie avec un aplomb que Martha ne lui connaissait plus.

«Il fallait faire quelque chose de spécial parce que c'est la première fois qu'on fait ça sans ma mère», explique Martha. Ce concert intitulé A Not So Silent Night, en guise de clin d'oeil à la version anglaise du Minuit, chrétiens, sera également donné à New York le 15 décembre avec des invités comme Lou Reed, Laurie Anderson et Loudon Wainwright, le père de Rufus et Martha. À Montréal, la famille a fait appel à Robert Charlebois, Chloé Sainte-Marie et Monique et Michèle Mercure.

«Je suis un grand fan de Robert depuis des années et j'ai eu tellement de plaisir à chanter avec lui Je reviendrai à Montréal (lors du dernier spectacle de la Fête nationale)», explique Rufus. Martha ajoute que c'est en rencontrant Charlebois ce soir-là qu'ils ont décidé de faire ce concert de Noël dès cette année.

Anna a invité Chloé Sainte-Marie, une bonne amie de Kate qui a déjà enregistré la Petite annonce amoureuse des soeurs McGarrigle. Quant à Michèle Mercure, c'est la plus vieille fan de la famille, raconte Martha: «Elle avait 19 ans quand elle a loué un petit chalet de ski à ma grand-mère à Saint-Sauveur. Elle est devenue une bonne amie de ma grand-mère puis de ma mère. C'est par elle qu'on a connu sa mère Monique.»

Les chansons ont été choisies longtemps d'avance puisqu'on ne disposait que de deux jours de répétitions. «Ce ne sera vraiment pas un concert de Noël à la Jingle Bells», avertit Martha. Anna ajoute: «Il y aura six ou sept chansons des shows de Noël précédents et on a demandé aux invités d'en choisir d'autres dans l'esprit de Noël.»

Fort bien, mais que vont donc y faire deux comédiennes comme les Mercure, mère et fille? Anna rappelle que Monique Mercure a étudié la musique à Vincent-d'Indy et qu'elle chante très bien: «Michèle et elle ont choisi deux chansons que je ne nommerai pas parce qu'on ne les a pas encore répétées. Tout peut changer...»

A Not So Silent Night, avec les McGarrigle-Wainwright et leurs invités, au Théâtre Saint-Denis, dimanche, à 20h.