Depuis 2006, la carrière de Térez Montcalm se joue d'abord en France, où elle figure en tête des ventes de disques de jazz. «Joplin, Piaf et Ella Fitzgerald amalgamées en une seule personne», écrit le journal Sud-Ouest.

Bien sûr, on n'est pas ici dans la variété grand public. On est dans le jazz, qui mène une sorte de vie parallèle, comme la musique classique ou la danse contemporaine. À ce détail près: la France, toutes proportions gardées, reste de loin la première terre d'accueil du jazz dans le monde. Et à l'intérieur de ce royaume où se retrouvent une partie de l'année les plus grands jazzmen américains, une certaine Térez Montcalm est depuis cinq ans une vedette incontestée, tout en haut de l'affiche.

Fin septembre, la chanteuse a sorti son troisième album, Here's To You, un hommage à Shirley Horn. On en a déjà vendu plus de 10 000 exemplaires, et le titre se trouve ces jours-ci en 15e position dans la liste des meilleures ventes de jazz-blues du réseau de la Fnac: «Ce n'est qu'un début», dit Véronique Croisile, la «manager» française qui produit les spectacles de Térez Montcalm pour le monde entier. «Mais c'est déjà un exploit pour un album en anglais, avec une chanteuse pas vraiment commerciale qui rend hommage à une grande artiste de jazz, mais pas la plus célèbre.»

Sorti en 2007, son premier album «français», Voodoo, avait atteint les 60 000 exemplaires dans une première vie: «Avec la sortie de Shirley Horn, il a recommencé à se vendre, dit la chanteuse, et on doit être très au-dessus des 70 000.» Des chiffres qui, par les temps qui courent, raviraient les maisons de disques, et pas seulement au rayon jazz.

La vérité, c'est que Térez Montcalm, si elle déborde volontiers en Allemagne et en Italie, est en France comme un poisson dans l'eau. C'est une habituée de TSF et de FIP, deux radios vouées au jazz, ainsi que des principales émissions du genre sur la radio publique.

Le numéro de novembre de Jazz Magazine lui consacre sa couverture et une demi-douzaine de pages, en duo avec l'Américaine Stacey Kent. Dans son numéro du 9 novembre, l'influent hebdo culturel Télérama fait une critique fort élogieuse de son album, où «la pop rockeuse énergisante... ne se perd pas un instant dans l'imitation, et semble plus que jamais elle-même avec une rythmique pur jazz». Suit une énumération admirative des musiciens qui l'accompagnent dans cet enregistrement new-yorkais et qui sont tous des sommités internationales.

Paris est devenu sa base, ces dernières années: vendredi dernier, Térez récupérait après deux spectacles coup sur coup, se préparait pour un show au Vésinet le samedi soir et un autre hier soir à La Cigale, l'une des salles les plus branchées de Paris. «On joue dans des salles de 600 à 900 places, presque toujours à guichets fermés, et le carnet de commandes est rempli jusqu'à l'été», précise Véronique Croisile. Rien que cet automne, elle avait droit à des critiques élogieuses dans La Voix du Nord, Sud-Ouest, La Croix, etc.

«Je passe à peu près six mois en Europe chaque année, dit Térez, mais, dès que je le peux, je suis très contente de rentrer chez moi. La pollution à Paris me fatigue. Mais dans le jazz, on n'a pas le choix. À Montréal, on a le plus grand Festival de jazz au monde, mais quand il se termine, c'est le désert ou presque. À Paris, il y a trois ou quatre boîtes de jazz réputées, et, en France, 340 festivals de jazz dans l'année! J'ai un tourneur français entièrement voué au jazz. Les musiciens de jazz ont des problèmes au Québec, mais également aux États-Unis, et ils viennent tous en France. J'ai peut-être eu un peu de chance au début de ma carrière au Québec: j'ai toujours fait du jazz, mais, pendant un moment, le public ne le savait pas... Maintenant, ça se sait.»