Au moment où vous lirez ces lignes, il ne restera probablement plus un seul billet pour la représentation supplémentaire du spectacle de Noël de Fred Pellerin avec l'OSM et son chef Kent Nagano à la Maison symphonique, les 16 et 17 décembre. Pas moins de 6000 spectateurs assisteront à ces trois spectacles un peu étonnants à prime abord.

L'été dernier, à Édimbourg, Kent Nagano nous disait son admiration pour le talent et l'imagination de Fred Pellerin. Il faisait même un rapprochement entre le travail de l'OSM qui actualise des oeuvres classiques d'antan et celui du conteur: «Ce qu'il fait est tout à fait moderne, c'est de notre temps, mais il réfléchit sur la tradition et l'OSM fait exactement la même chose.»

Cette collaboration devait se faire l'an dernier, mais Pellerin n'était pas disponible. L'OSM l'a relancé en prévision de cette année: «J'ai senti leur insistance et leur intérêt et ça m'a tenté.»

Pellerin s'est d'abord assuré auprès de Kent Nagano qu'une telle entreprise n'évacuerait pas la spontanéité et l'improvisation qui lui sont essentielles. «Pour moi, c'était trop grand, cette affaire symphonique-là, j'avais besoin qu'il me donne de la pogne, explique Pellerin. J'ai fait un bout de chemin avec les boîtes à musique. La sérénade de Schubert dans un coffre à bijoux d'enfants, c'est la meilleure manière d'aborder ça.»

Quand il a su que la télé de Radio-Canada filmerait le spectacle, pour diffusion le 22 décembre, et qu'il y aurait des projections en sus, Pellerin a demandé à René Richard Cyr de l'aider à «faire bouger ce bateau-là».

Pellerin et Nagano ont élaboré ce spectacle ensemble depuis le tout début, de la teneur de son conte original La tuque en mousse de nombril à la sélection des oeuvres classiques (Humperdinck, Ravel, Tchaïkovski, Adams, une commande au compositeur québécois Julien Bilodeau, etc.).

«J'ai soumis quatre structures qui faisaient une page chacune, raconte Pellerin. On a tranché ensemble, mais je trouve qu'ils sont allés dans l'audace, parce que celle qu'on a retenue va loin dans le délire. Puis on a planté des musiques là-dedans, on s'est proposé des découpages, on a transformé des affaires.»

On avait avisé Pellerin que le temps de Kent Nagano était précieux et qu'ils se verraient probablement par petites tranches d'une demi-heure. Dès leur première rencontre, le maestro l'a accueilli pieds nus et il a avisé son assistante de leur réserver une plage de quatre heures pour la prochaine rencontre. «On a eu quatre, cinq ou six meetings, je n'en reviens pas! La prochaine fois, on va s'asseoir avec nos portables, je vais raconter l'histoire puis au moment voulu, il va peser sur play et on va se faire le show tous les deux assis face à face. C'est magique de vivre ça pour un conteux d'histoires de village. Nagano a l'ampleur qui permet de rêver. Il veut réinventer une tradition et souhaite que ça dure plusieurs années.»

Il y a donc de l'espoir pour ceux qui n'ont pas pu mettre la main sur les précieux billets cette année.

Noël conté par Fred Pellerin, les 16 et 17 décembre, à la Maison symphonique.