Avec sa rage de vivre le moment présent sur scène, Rich Aucoin marque les esprits des gens qui voient son spectacle. C'est un être créatif qui ne fait pas dans la demi-mesure. Il a même pris plus de trois ans pour faire son premier LP, où ne figurent pas moins de 500 collaborateurs de partout au pays.

Il était 1h, à la Sala Rossa, pendant Pop Montréal. Après le spectacle extérieur d'Arcade Fire, des dizaines de couche-tard terminaient la soirée au spectacle de Rich Aucoin. Le chanteur d'Halifax a beau avoir une réputation de showman, aucun «initié» n'aurait pu prévoir ce qu'il allait voir.

Aucoin est une bibitte de scène intense. Il saute dans la foule pour chanter tout en sueur, sous une pluie de confettis, tout en orchestrant sa mise en scène avec des images vidéo projetées derrière lui. Il pousse l'interaction avec le public jusqu'à plonger avec lui sous un parachute, comme à la petite école.

«L'idée est de faire un gros karaoké avec la foule, indique Rich Aucoin. Je fixe le gouvernail et je laisse tout le monde le prendre.»

Approche communautaire

Après un premier EP fait sans l'aide de personne, Rich Aucoin vient de lancer son album We're All Dying To Live: Public Publication EP/Over The Top! LP, auquel ont collaboré plus de 500 invités (!) de partout au pays, qui ne sont pas nécessairement des musiciens établis.

«Je voulais une approche complètement différente du EP et avoir plein de monde sur l'album. Autant la démarche du premier était individualiste, autant l'autre allait être communautaire.»

Au terme des trois années qu'a nécessité son ambitieux projet, l'expérience s'est avérée laborieuse, de l'un à l'autre des multiples studios qu'il a utilisés. Disons qu'il fallait beaucoup de logistique pour orchestrer le tout. «Le e-mailing était plus difficile que l'enregistrement! lance Aucoin. C'était juste plus simple d'appeler les gens.»

Et que dire de l'assemblage de toutes les séances d'enregistrement. Surtout sur la dernière pièce, intitulée 500 People Talking, qui réunit des extraits des 500 collaborateurs qui semblent discuter dans un party. «J'utilise le logiciel Protool, mais il n'y avait aucun système qui pouvait soutenir autant de tracks, indique-t-il. Juste de réécouter tout le matériel, c'était long...»

À Montréal, Aucoin est passé par les studios Breakglass et Hotel2Tango pour collaborer avec une quarantaine de personnes, dont Olga Goreas des Besnard Lakes et Tim Kingsbury d'Arcade Fire. Il a même eu la chance d'aller enregistrer du matériel dans les studios d'Abbey Road, à Londres.

«Martin Elbourne m'a vu en show à Yarmouth et m'a invité à son festival The Great Escape. Puis quand un autre gars d'Halifax, Doug Taylor, a vu que je jouais à Brighton (en Angleterre), il m'a invité à enregistrer des trucs avec lui à Abbey Road», explique-t-il (ndlr: Britannique, Martin Elbourne est aussi le cofondateur de M pour Montréal).

22 titres

Mixé by David Wrench (Caribou) et matricé par Nilesh Patel (Daft Punk, Justice), We're All Dying To Live: Public Publication EP/Over The Top! LP comprend 22 titres, dont ceux du premier EP. Certes, il y a une magie et une euphorie uniques dans les spectacles d'Aucoin, mais sur disque, ses chansons demeurent hyper accrocheuses et fédératrices. Les titres dansants mettent de bonne humeur, alors que les ballades donnent de l'espoir.

C'est de l'électro-pop prenante à grand déploiement, avec une touche symphonique (Aucoin a une formation classique), une influence de Brian Wilson (et même de Broken Social Scene), des harmonies vocales inspirantes, ainsi que des références à Pink Floyd et Douglas Coupland.

Disons que c'est à la hauteur des ambitions de Rich Aucoin. Ce dernier ne semble pas être capable d'en faire moins. À l'occasion du spectacle qu'il a donné récemment dans le cadre du Halifax Pop Explosion, il avait 80 invités sur scène!

__________________________________________

Rich Aucoin se produira en première partie de Lights au Théâtre Corona, jeudi.