Entre Le problème avec Antoine et le tout nouveau La défense du titre, Antoine Gratton s'est promené par monts et par vaux, mais n'a jamais cessé de faire de la musique. L'homme a franchi le cap de la trentaine, rompu avec Mara Tremblay. L'artiste, lui, a atteint une nouvelle maturité, plus assumée dans ses textes et ses mélodies. Si bien qu'il a aujourd'hui «l'impression de clore un chapitre», avec ce quatrième disque.

«Dès le début du processus de création de l'album, j'ai senti que j'arrivais au bout de quelque chose. Qu'après, il y aurait autre chose», confie celui qui a retrouvé son comparse Éloi Painchaud, pour ce nouvel opus.

Cette autre chose n'est pas encore clairement définie, avoue-t-il du même souffle. S'il se voit emprunter «des avenues musicales autres que celle de la chanson avec des paroles» et approfondir son travail d'orchestrations et de musiques de films, il sait qu'il ne pourra échapper à l'univers du spectacle. «Je vais continuer à faire des shows, seul ou en accompagnant d'autres artistes comme je le fais déjà, parce que je ne pourrais pas me priver de la scène!», clame l'auteur, compositeur et interprète.

Pour La défense du titre, et après s'être éclaté dans un «trip psychédélique» avec Le problème, le trentenaire a voulu présenter un album «plus concis, moins flyé». «À mes yeux, il s'agit de mon disque le plus pop, le plus «chanson», c'est-à-dire que je suis revenu aux refrains», dit-il.

Sa pop voyage toujours loin de sentiers battus, vibrant des cordes sensibles du Quatuor Orphée (mélancolique et émouvante Pinte de rousse) ou de l'énergie des années 1980 (délirante 80's Party), par exemple.

Antoine Gratton ne le cache pas non plus: il a exorcisé sa rupture avec cet album. «Les mots sont venus rapidement, cette fois. Il fallait que je fasse sortir mes émotions d'une façon ou d'une autre. Nous, les artistes, nous avons ce privilège d'avoir la possibilité de transformer ce que nous ressentons en quelque chose de créatif...»

S'il chante sa peine d'amour, il le fait sur les rythmes décalés et texturés qu'on lui connaît. «On ne se refait pas!» clame-t-il en rigolant.

Et ton coeur est un guerrier a notamment été «coécrite» d'une surprenante manière avec son ex-amoureuse. «Ce titre part d'un courriel que Mara m'a envoyé. Je l'ai trouvé tellement beau que j'en ai fait une chanson, avec son accord.»

En cours de création, Antoine Gratton a aussi appris à lâcher prise. À preuve, la première plage, intitulée Let Go Let Go.

«C'était carrément le but visé: ne pas rester prisonnier de ma tristesse. J'ai préféré offrir une piste de solution, au lieu de chialer sur mon sort. J'ai voulu axer mon texte sur comment on se relève des jambettes de la vie.»

Les Petits Chanteurs

Cette pièce positive, il a choisi de l'interpréter avec les Petits Chanteurs du Mont-Royal, au sein desquels il a chanté tous les dimanches à l'oratoire Saint-Joseph de ses 8 à 16 ans.

«C'était l'armée, musicalement parlant, les Petits Chanteurs! lance-t-il dans un autre éclat de rire. En même temps, ils m'ont tout appris, entre autres comment se présenter sur scène, peu importe le type de spectacle qu'on fait. Ils m'ont inculqué cette fierté du métier. Il était donc inévitable que je fasse quelque chose avec eux.»

Encore lui fallait-il approcher la troupe avec «la bonne chanson». «Les Petits Chanteurs demeurent une chorale à but liturgique, à la base. Je devais arriver avec une chanson qui avait de la classe, qui méritait d'être habillée de leurs voix!», soutient celui qui dit avoir pris plaisir à passer de l'autre côté du lutrin et à diriger la chorale, 20 ans plus tard.

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