Deux Québécois sur trois s'intéressent à la musique québécoise qu'ils trouvent plutôt originale et diversifiée, et d'une qualité supérieure ou comparable à ce qui se fait ailleurs dans le monde. L'autre tiers ne s'y intéresse que peu ou pas du tout, ce qui est le cas de 43% des Montréalais et de 72% des non-francophones; ceux qui n'aiment pas -curieusement beaucoup plus nombreux à Québec qu'ailleurs- ont coché les qualificatifs «ennuyante», «redondante» ou «simpliste».

Ce sont là quelques conclusions d'un sondage CROP commandé par La Presse à l'occasion de la semaine de l'ADISQ; les données ont été recueillies entre le 13 et le 17 octobre, dans un panel web, auquel ont participé 1000 personnes. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence, la langue d'usage à la maison et le niveau de scolarité.

Les Québécois, pour qui la chanson a longtemps servi de cri de ralliement, préfèrent dans l'ordre la musique pop (24%), le rock (20%), la «chanson à textes» (14%) et la musique classique (11%); les autres genres venant loin derrière (le jazz est à 2%...). Point d'intérêt pour les sociologues et les gens de marketing: les universitaires, de loin, préfèrent le rock, la musique qui s'adresse «au cou en descendant», comme disait Keith Richards.

Autre non-surprise: quand ils doivent nommer le premier artiste québécois qui leur vient à l'idée, 15% des répondants disent Céline Dion, nommée deux fois plus souvent par les non-francophones que par les francophones. Les cinq autres artistes les plus souvent nommés ont déjà remporté un Félix à «l'autre gala de l'ADISQ» mardi ou sont en nomination demain: Marie-Mai, les Cowboys fringants, Éric Lapointe, Daniel Bélanger et Ginette Reno qui, au début de la sixième décennie de sa carrière, est allée quérir le Félix de l'Album de l'année meilleur vendeur.

L'acheteur de musique

Des quelque 90 000 fans qui se sont procuré La musique en moi de Mme Reno, 38% l'ont acheté en CD chez un disquaire, comme ils le font d'habitude. Un Québécois sur cinq, par ailleurs, s'approvisionne désormais en musique par téléchargement, très populaire, on ne s'en surprendra pas, chez les jeunes (18-34 ans) et chez les non-francophones qui se servent de l'internet, on suppose, pour se procurer des musiques de leur monde qui ne sont pas vendues au coin de la rue.

Là ou sur le web, seulement un répondant sur quatre serait prêt à payer plus cher pour un disque québécois. Par contre, il est intéressant de noter que 70% des Québécois ne téléchargent «jamais» de musique gratuitement (sur l'internet ou en protocole de partage), mais ceux qui le font régulièrement (5%) ou à l'occasion (20%) n'ont pas tendance (71%) à faire d'exception pour les artistes québécois.

Finalement, les Québécois voient leurs artistes un tantinet plus riches qu'ils ne le sont en réalité. À la question «Selon vous, lorsque vous achetez une chanson à 0,99$ sur iTunes, combien va dans les poches de l'auteur-compositeur?», la moyenne des réponses se situait à 23 cents. C'est deux fois plus que la réalité: quand une de leurs pièces est vendue sur iTunes, l'auteur-compositeur (ou l'éditeur à qui il a cédé ses droits) touche autour de 10% du prix payé par l'acheteur. Dans ca cas-ci, cinq cents chacun s'ils sont deux: ce qui veut dire qu'il faut vendre au moins 10 000 iTunes par mois pour payer le loyer... Ou devenir producteur.

Le sondage CROP - La Presse



Ce sondage a été réalisé par CROP du 13 au 17 octobre par le biais d'un panel web. Un total de 1000 questionnaires ont été complétés.