Hier soir, vers 19h, une chanson de Spandau Ballet jouait dans un Complexe Desjardins désert. Plus personne n'écoute ce groupe qui faisait tellement «années 80». Duran Duran est sans doute l'un des rares survivants de la décennie maudite.

Nous sommes en 2011 et le Centre Bell n'était pas bondé pour les Duran. Pourtant, les 5750 fans venus revivre leurs années de jeunesse compensaient par leur enthousiasme spontané. «Peut-être le meilleur public pour lequel on a jamais joué», a dit le chanteur Simon Le Bon au rappel. Je pense qu'il ne blaguait pas.

Plus d'une demi-heure après le début du spectacle, les fans de Duran Duran étaient encore debout à danser. Et ce, même si, jusque-là, Simon, Nick, John, Roger et leurs quatre complices avaient pigé abondamment dans leur plus récent album, paru plus tôt cette année. Mais voilà: les chansons d'All You Need Is Now se glissent pour la plupart tout naturellement parmi les classiques du groupe.

D'entrée, la nouvelle Before The Rain a fait son effet pendant que des images de défilés militaires étaient projetées sur les trois écrans en fond de scène. Tout de suite après, Planet Earth a été accueillie par les cris des fans des débuts. Puis ce fut A View To A Kill avec ses silhouettes de Bond Girls musiciennes et la récente All You Need Is Now, du Duran Duran vintage.

On a bien senti une baisse de tension pendant l'enfilade de quatre autres nouvelles chansons, entrecoupées de Come Undone et de The Reflex, que Simon Le Bon a lancée au pied de la scène en compagnie d'une admiratrice, mais le public ne s'est pas fait prier pour chanter la récente Girl Panic avec un Le Bon très en voix.

Il n'y avait pas, dans cette moitié de Centre Bell, le cachet intimiste du petit National en avril dernier. Pourtant, on n'y perdait rien au change. Le Duran Duran de 2011 a ce petit quelque chose de vrai, de senti. La pertinence, ce n'est pas nécessairement John Taylor qui demande aux fans de tweeter pendant Tiger Tiger ou Simon Le Bon qui fait référence à la libération de la Lybie. C'est surtout la très belle Ordinary World, le funk de Notorious ou le plaisir coupable de Hungry Like The Wolfet, en rappel, Wild Boys, jumelée à Relax de Frankie Goes To Hollywood, et Rio, qui ont semé le délire.

Si Duran Duran a survécu aux années 80, c'est parce que ses chansons tiennent la route.