«Dream Theater est plus fort que jamais», lance avec aplomb John Petrucci, le guitariste du renommé groupe métal-progressif américain, dont les solos font saliver les mélomanes depuis un quart de siècle. La formation sera de passage au Québec la semaine prochaine, pour promouvoir la sortie de son dernier opus, A Dramatic Turn of Events.

Si John Petrucci insiste sur la survie du groupe, c'est sans doute en raison du départ du batteur Mike Portnoy l'an dernier, membre fondateur, virtuose et monument au sein de la formation.

Son remplaçant, Mike Mangini, a été sélectionné au terme d'une série d'auditions enregistrées - sorte de Star Académie de la percussion - opposant plusieurs candidats de haut calibre. «Même si on a écrit l'album sans lui (Mangini), il a apporté sa touche créative. On a fait quelques concerts avec lui et la réception du public a été très positive», louange le guitariste.

Mangini, batteur réputé qui a notamment sévi au sein d'Annihilator, pourra-t-il faire oublier le départ précipité de l'enfant prodigue?

John Petrucci en est convaincu, même s'il comprend l'inquiétude des fans. «Son départ a pu choquer les fans, mais ce groupe est là pour rester. On accorde beaucoup de valeurs à toutes ces années avec Mike (Portnoy), mais Dream Theater est plus fort que jamais!» assure Petrucci, qui assure que le titre de ce onzième opus n'a rien à voir avec le départ de Portnoy. «Il réfère plutôt au contenu lyrique de l'album, inspiré de tous ces événements et changements incroyables qui éclatent dans le monde présentement, notamment la révolte dans plusieurs pays du Moyen-Orient», explique Petrucci, qui compose la plupart des pièces.

Quant à la qualité de cet autre album fleuve - plus de 80 minutes -, on peut platement résumer qu'elle est à l'image au groupe. Les fidèles seront conquis par ces nouveaux riffs accrocheurs, envolées surréalistes et par l'habituel dosage entre la mélodie et le métal.

Les détracteurs du groupe trouveront encore que leur musique vieillit mal et que le fait de ne pas confisquer pour l'éternité le micro du chanteur James Labrie soit une hérésie.

La première pièce, On the Back of Angels, possède une trame épique, théâtrale, tout à fait dans la veine du puissant Metropolis Part 2: Scenes From a Memory.

Même chose pour les solos de guitare à la sauce orientale exécutés dans Bridge in the Sky. Le son industriel et le refrain un peu kitsch de Build Me Break Me Down rappelle pour sa part l'album Awake.

John Petrucci ne nie pas cette cohésion - dont plusieurs clins d'oeil à peine voilés - entre les albums, une marque de commerce du groupe d'ailleurs. «Il y a un certain son qu'on a développé, mais c'est quand même important d'explorer de nouvelles choses. On est très fiers de cet album, on estime prendre avec lui une nouvelle direction», ajoute Petrucci.

Même si plusieurs guitaristes vendraient leur mère pour jouer comme lui, Petrucci estime travailler continuellement pour hausser son jeu d'un cran. «Il faut essayer de nouvelles choses. Je suis accro à ça. Il faut dire que je suis entouré de gens très motivés!»

Influencé par des groupes cultes comme Pink Floyd ou Iron Maiden, Dream Theater compte sur un public loyal et un succès d'estime gagné presque de bouche à oreille, qui rappelle celui de Rush.

À quoi devront s'attendre les fidèles qui assisteront au concert de vendredi à la salle Wilfrid-Pelletier? «Il y aura des chansons qu'on n'a pas jouées depuis longtemps et nos nouvelles. On peut s'attendre à des moments accoustiques», souligne Petrucci, qui se dit toujours excité de passer par chez nous. «C'est toujours incroyable de jouer au Québec. Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais les gens sont passionnés. C'est comme ça depuis longtemps.»

Dream Theater à la salle Wilfrid-Pelletier le 7 octobre et au Pavillon de la jeunesse de Québec le 8 octobre.