La neuvième saison du Piknic Électronik s'est terminée dimanche, sous un soleil radieux. Ce n'est pas les vacances pour autant pour les membres de l'équipe du Piknic, qui coproduisent le spectacle de Portishead sur le quai Jacques-Cartier, le 7 octobre, et qui préparent la sixième année d'Igloofest.

Cet été, plus de 56 000 personnes sont passées sous le Calder de la Place de l'homme pour l'un et l'autre des Piknics. Ils ont profité de la musique de beaucoup de DJs montréalais, mais également de plus 110 artistes invités venus d'Espagne, de France, d'Allemagne, d'Angleterre et des États-Unis. Malgré la pluie dominicale du mois d'août, c'était une excellente année sur le plan de l'achalandage. «On a établi certains records. Le premier Piknic de l'année, il y a eu 6900 personnes», souligne le directeur général Nicolas Cournoyer.

Dimanche dernier, c'était la deuxième plus grosse affluence de l'histoire du Piknic, avec 6113 personnes. Nous étions sur place et nous avons constaté que l'événement avait beaucoup changé depuis notre dernière visite au début des années 2000: foule plus variée, ajout d'une deuxième scène... Mais il y a une chose qui demeure: le lieu magnifique qu'est l'oasis urbaine du parc Jean-Drapeau.

Mine de rien, le Piknic Electronik soufflera 10 bougies sur son gâteau d'anniversaire, l'an prochain. C'était à l'origine le plan un peu fou de «quatre gars qui ont une job», soit Michel Quintal, Nicolas Cournoyer, Pascal Lefebvre et Louis-David Loyer, qui se souviennent encore du temps où ils coupaient des fruits et faisaient du thé glacé naturel (avec des bas de nylon!), la veille du Piknic.

«Au départ, notre mission était de démocratiser la musique électronique, rappelle Nicolas Cournoyer. On a soumis un projet au parc Jean-Drapeau et il a embarqué dans l'aventure. On a fait partie d'un plan de revitalisation du parc.»

À l'époque, beaucoup de gens associaient la musique électronique à un milieu plutôt fermé de raves et d'abus. «De l'avoir mis dans un autre contexte a changé la donne», indique Nicolas Cournoyer. «On se faisait appeler les tam-tams du 21e siècle», ajoute Michel Quintal, directeur de la programmation et des commandites.

Il a fallu un certain temps avant de toucher «monsieur et madame tout le monde», mais le Piknic est graduellement devenu un happening dont la musique électronique était le prétexte d'une expérience plus globale. Graduellement, la forte programmation locale (Misstress Barbara, DJ Mini, Ghislain Poirier, Vincent Lemieux) s'est ouverte à l'international (l'une des premières grandes prises a été Matthew Herbert). «Jamais on n'aurait pensé que la Place de l'homme deviendrait trop petite et qu'on ajouterait une deuxième scène!», lance Nicolas Cournoyer.

Aujourd'hui, les Piknics sont associés à d'autres événements, dont Pop Montréal, Osheaga, MUTEK et le Fringe. «C'est important pour nous d'avoir une dynamique associative. Il faut une synergie entre les événements pour que Montréal soit une ville à visiter pendant l'été, indique Nicolas Cournoyer. On veut aussi faire évoluer l'événement pour que ce soit un lieu de diffusion d'autres formes d'art, un peu comme on a fait avec PikniCubik (minifestival présenté lors du weekend de la fête du Travail). Il y avait le collectif En Masse qui faisait des fresques, une exposition de photos, des projections de films...»

Michel Quintal souhaite une meilleure communication entre les événements électros de Montréal. «Il y a trop de gens qui font chacun leurs petites affaires dans leur coin», note-t-il.

L'âge d'or de la musique électronique est révolu, mais Igloofest et les Piknics sont une expérience plus qu'un spectacle. «Un gars comme Maceo Plex jouerait devant 200 ou 300 personnes en salles, mais il peut jouer devant 4500 personnes au Piknic, souligne le directeur de la programmation. Même qu'à Igloofest, il y a au moins une personne sur deux qui n'a aucune idée de ce qui joue!»

Pour le premier Piknic du 10e anniversaire, Michel Quintal a invité ceux qui ont participé au tout premier Piknic, soit Soundshaper et DJ Maüs. C'est un rendez-vous en 2012, après Igloofest.

EN RAFALE

> City and Colour sera en spectacle le 17 février au Métropolis (billets en vente vendredi).

> Plus de cinq ans après la sortie d'Anthologie des 3 perchoirs, l'explosif groupe montréalais Duchess Says est de retour avec un nouvel album, In a Fung Day T! , qui sortira le 11 octobre et qui sera lancé deux jours plus tard au Club Soda.

> Le Festival Diapason revient pour une quatrième année à Laval, du 3 au 6 novembre. Notamment à l'affiche : Mara Tremblay, Viviane Roy, Creature, PS I Love You, Chloé Lacasse, DJ Mini et Philippe B. Consultez la programmation au www.festivaldiapason.com.

SUGGESTION DE LA SEMAINE

L'animatrice Mélissa Maya Falkenberg a transformé son émission Folk toi Folk moi, diffusée pendant cinq ans sur les ondes de CISM, en une websérie à la réalisation chaleureuse de grande qualité (les images sont signées Lucas H. Rupnik).

Chaque semaine, on décortique un genre musical, que ce soit le rockabilly (par le biais de trois femmes: Wanda Jackson, Rose Maddox et Felicity Hammer, du Montréalais Israël Proulx et du festival Viva Las Vegas), ou le bluegrass (avec une entrevue avec le multi-instrumentiste Terry Joe Rodrigues et une visite à Nashville). Une production unique en son genre. En ligne au https://folktoifolkmoi.com.

SORTIES DE LA SEMAINE

> Univers, Les BB

> Éponyme, Chloé Lacasse

> The Whole Love, Wilco

> Éponyme, The Barr Brothers

> Kill The Lights,The New Cities

> The Hunter, Mastodon

> Neighborhoods, Blink 182

> Only In Dreams, Dum Dum Girls

> Land & Sea, Sarah Slean