Pour qui se passionne de pop new-yorkaise, période 60-70, Joe Bataan est un incontournable. On lui doit des rencontres historiques entre musiques latines et soul. On lui attribue le premier tube hip hop : Rap-O Clap-O, créé en 1979. Aujourd'hui?  En fin de soixantaine, Joe Bataan n'est connu que des connaisseurs de musique ou les clubbers ayant vécu à fond cette époque.

Alors? Voilà une autre réhabilitation de choix pour le dixième anniversaire de Pop Montréal.

«Je me souviens très clairement que la musique disco était très importante à Montréal dans les années 70. On faisait jouer mes tubes dans vos discothèques mais je n'y suis jamais venu», raconte Joe Bataan, joint cette semaine à son domicile de Westchester, en banlieue de New York.

Né de père philippin et de mère afro-américaine, Joe Bataan a grandi dans Spanish Harlem, qui fut naguère un quartier de durs. Gangs de rue, vol de voitures... Le jeune homme apprit les rudiments de la musique dans une école de réforme. Dès lors, il se montrait très influencé par le latin boogaloo et le doo wop, styles en vogue dans le barrio.

Rapidement, son talent fut repéré: il fut mis sous contrat par le fameux label Fania à qui l'on doit l'explosion de la salsa new-yorkaise au début des années 70. De profonds différents sur sa rémunération mettront un terme à cette association avec Fania. Initiateur d'un mélange inédit entre musiques latine et soul, Joe Bataan fondera le label salsoul. Carrément. Après avoir été parmi les esprits fondateurs du hip hop, il se retirera de la circulation  au tournant des années 80 pour ne ressurgir qu'en 2005.

Même si relégué aux oubliettes jusqu'à récemment, Joe Bataan n'a certes pas cessé d'être un... battant.

«J'ai longtemps été un homme de studio alors qu'aujourd'hui, je suis davantage un homme de scène. À l'époque, le studio était important car la culture des discothèques et la vente de disque y étant associée étaient beaucoup plus importantes qu'elles ne le sont aujourd'hui. J'étais un homme à tout faire dans cette industrie; je faisais de la distribution, promotion en plus de produire et jouer. Aujourd'hui, je remercie de ciel de pouvoir me produire partout. Et je déplore que New York soit moins chaude des villes à l'endroit de la latin soul... contrairement au reste de la planète! »

Qu'à cela ne tienne, Joe Bataan continue de répandre la bonne nouvelle, au tour de Montréal. Et des musiciens montréalais avec qui le musicien et chanteur compte se produire samedi.

«Je choisis régulièrement cette formule, ça donne d'excellents résultats. À Montréal, je m'amène avec deux musiciens de mon groupe qui se joindront aux Montréalais. Vous savez, ça a très bien fonctionné en Australie, en Espagne comme en Angleterre. Partout dans le monde où la musique latine et la soul ont eu un impact, on trouve des musiciens très sérieux capables de jouer ces genres. Au tour des musiciens montréalais d'être reconnus en ce sens!

«Ce que je viens présenter? La même formule, avec de nouvelles variations. Mes classiques et peut-être de nouvelles chansons qui figureront dans mon prochain album. Joe Bataan touche à la salsa, le disco, la soul, le boogaloo. J'exprime un mélange de cultures. Partout où je passe, je me réjouis de l'ouverture des gens à ce mélange. Partout, je vois cette même envie de danser et faire la fête.  À Montréal, je compte faire honneur à votre réputation festive! »

NOTE INFRA: dans le cadre de Pop Montréal, Joe Bataan partage le programme de San Juan Hill et The Good Djs, samedi, 22h, Sala Rossa.