Moins de deux semaines après son inauguration, la Maison symphonique a accueilli hier soir un public plus jeune et plus bruyant qu'à l'habitude parmi lequel se trouvaient plusieurs jeunes filles accompagnées de leurs mamans. Elles sont venues - les gars aussi - applaudir Simple Plan à sa première présence dans sa ville depuis le lancement de son quatrième album, cinq longs mois avant l'arrêt obligatoire au Centre Bell.

C'était également l'occasion de voir de quoi a l'air cette Maison symphonique dont on a tant parlé. Les gens étaient bien habillés et sentaient bon, a remarqué le bassiste David Desrosiers. Il y avait également dans l'air une timidité palpable aussi bien chez les musiciens faussement décontractés que chez leurs fans à leur première présence dans ce beau palais de la grande musique.

Ma jeune voisine Élizabeth avait réussi à faire dédicacer son programme par trois membres du groupe présents à l'encan silencieux au foyer Allegro avant le concert: «Pour Pierre et David, il y avait trop de monde», m'a-t-elle confié, résignée. Avec la vente des billets, l'encan et les dons, la soirée aura permis de récolter 305 000$ qui seront répartis à parts égales entre la Fondation Simple Plan pour les jeunes défavorisés et les activités éducatives de l'OSM.

Élizabeth a bien aimé ce qu'elle a entendu avant l'entracte: elle a reconnu Simple Plan et a entendu l'orchestre pendant les «moments doux». Il est vrai qu'en début de concert, dès que la batterie et les guitares se manifestaient, l'OSM devenait un acteur discret. C'était particulièrement évident pendant le rock punkisant de Shut Up, mais également pendant One sitôt l'intro des cordes, des vents et des timbales terminée. Pendant Addicted, les cuivres ressortaient un peu de la masse sonore qui, contre toute attente, n'atteignait pas, tant s'en faut, l'intensité et le volume du seul OSM jouant La Turangalîla de Messiaen dans la même salle sept jours plus tôt.

La bonne nouvelle pour le fan de Simple Plan, c'est que le groupe n'était pas dégriffé. Plutôt que de tomber dans le piège du plat compromis, le chef et arrangeur Simon Leclerc a eu l'intelligence de laisser s'exprimer le groupe que ce public d'un soir était venu applaudir. Tout de même, l'orchestre a été de plus en plus présent à mesure que progressait la soirée, se substituant à la guitare acoustique en appui au chanteur Pierre Bouvier dans Astronaut, puis s'invitant dans Crazy à la faveur d'un rythme nettement moins pesant que sur disque.

Juste avant l'entracte, Marie-Mai est venue chanter avec Bouvier la version bilingue de Jet Lag. «Gênez-vous pas pour faire du bruit!» a lancé le chanteur de Simple Plan. Au Métropolis ou au Centre Bell, une telle invitation aurait sans doute été superflue.