L'an dernier, Peter Gabriel a choisi Montréal pour la première nord-américaine de son spectacle New Blood avec grand orchestre. Hier après-midi, il était de retour en ville pour le visionnement du film 3D de ce spectacle qui sera bientôt présenté en Amérique du Sud et au Mexique.

Pourquoi Montréal? Parce que Peter Gabriel s'y est toujours senti bien accueilli depuis l'époque où il était le chanteur masqué et maquillé du groupe de rock progressif Genesis. Il avait même oublié, avant que La Presse ne le lui rappelle, que la première nord-américaine de son spectacle New Blood au Centre Bell l'an dernier a commencé avec beaucoup de retard à cause d'un écran défectueux. «J'étais très fâché parce qu'ils [ses techniciens] devaient vérifier ça et ils ne l'ont pas fait correctement, s'est-il souvenu. Je me suis plaint avec vigueur.»

Rien de tel dans le film New Blood Live in London, du réalisateur Blue Leach, qui sera sur le marché en formats 3D, Blu-ray et DVD le 25 octobre. La musique de Peter Gabriel ressort enrichie de cette expérience symphonique. Et si certains fans au Centre Bell étaient un peu trop fébriles pour goûter pleinement ces chansons transformées, parfois sombres, qui ne comptent pas toutes parmi les grands succès de Gabriel, la magie du cinéma rend l'expérience plus accessible, plus digeste.

Cinéma 3D

On ne s'étonne pas que Peter Gabriel, artiste populaire qui a toujours repoussé les frontières de son art, flirte aujourd'hui avec le cinéma 3D. La 3D donne plus d'espace à la musique, a-t-il expliqué en conférence de presse après le visionnement. «À l'époque, on disait aussi de la stéréo que c'était un gimmick», a rappelé Gabriel. Oui, la 3D n'est pas encore parfaite, reconnaît-il, mais elle a beaucoup progressé. Elle n'est pas non plus encore très accessible, mais il a vu le prototype d'un outil qu'Apple est en train de perfectionner pour permettre d'avoir accès à la 3D sur un iPhone. «Pour moi, [la 3D], c'est la seule voie», a ajouté l'artiste.

Gabriel aime bien raconter l'histoire d'une Kényane qui, quand on lui a demandé ce qui pouvait transformer l'Afrique, a brandi bien haut son iPhone. Mais, ajoute-t-il, ces outils de changement social peuvent également servir les autorités comme en Syrie où les braves qui envoient des photos ou rédigent des blogues peuvent être retrouvés et torturés: «C'est une course pour déterminer si ces outils vont faire de nous des esclaves ou nous libérer.»

Gabriel, qui se définit comme un artiste qui a mené une vie intéressante, lancera également le 11 octobre le CD New Blood de ses chansons réarrangées pour grand orchestre, mais enregistrées en studio cette fois. Il a accepté d'y inclure Solsbury Hill, qu'il trouve plus légère que la moyenne, à condition d'y greffer un mystérieux enregistrement fait par son ingénieur du son. Un CD double, lui, paraîtra le même jour et comprendra les versions instrumentales de ces mêmes chansons.

Rappelons que cette aventure a commencé par le CD Scratch My Back où Gabriel reprenait avec grand orchestre, mais sans batterie ni guitares des chansons d'autres artistes qui devaient par la suite lui rendre la politesse. Un an et demi plus tard, il n'en a toujours reçu que la moitié (de Paul Simon, David Byrne, Elbow, Lou Reed, The Magnetic Fields et Bon Iver) et il y joindra probablement quatre autres de ses propres versions pour compléter un album.

Nous reviendrons sur le sujet avec des extraits de notre entretien avec Peter Gabriel le samedi 8 octobre.