On connaît les six Suites pour violoncelle seul de Bach et les 24 Caprices pour violon seul de Paganini. Mais peu de gens, à part les violoncellistes et quelques inconditionnels du violoncelle, connaissent les 12 Caprices de Piatti.
Alfredo Piatti, violoncelliste italien (1822-1901), eut une longue carrière de concert, se produisant en Italie, bien sûr, mais aussi en Angleterre, en France, en Allemagne, en Autriche, et jusqu'en Russie. Il composa beaucoup pour son instrument, notamment ces 12 Caprices pour violoncelle seul publiés en 1875 sous le titre Capricci, op. 25.
Le Larousse de la musique décrit le caprice comme un «morceau instrumental ou vocal de forme libre» et les Caprices de Piatti, comme ceux de Paganini, correspondent tout à fait à cette définition. Les 12 pièces se présentent d'abord et presque exclusivement comme de périlleux exercices où toute la technique de l'instrument est mise à contribution. L'aspect purement musical n'y est pas entièrement sacrifié cependant. Presque toujours, Piatti glisse un appréciable élément rythmique ou mélodique à travers les accumulations d'arpèges, doubles cordes et trilles.
On ne parle pas ici de «grande musique» et on n'imagine pas un violoncelliste consacrant un récital à l'intégrale des Caprices de Piatti: la substance musicale y est trop mince. Ainsi, l'illustre Pierre Fournier a bel et bien préparé une édition moderne de ces pièces, mais il ne les a ni enregistrées, ni jouées en concert. D'ailleurs, je ne me rappelle pas avoir entendu du Piatti en concert depuis 1979, année où Janos Starker avait joué le septième Caprice en rappel lors d'un passage à l'Orchestre de chambre McGill.
Les 12 Caprices de Piatti ont été enregistrés à quelques reprises. Une nouvelle version paraît chez Naxos où ils sont entre les mains de Soo Bae. La jeune violoncelliste canadienne d'origine coréenne joue également le long Caprice op. 22 sur un air d'un opéra de Giovanni Pacini. À l'exécution irréprochable et à la prise de son précise s'ajoute un détail intéressant: la violoncelliste joue sur un Stradivarius de 1696, le «Bonjour», prêté par la Banque d'instruments du Conseil des Arts du Canada et ayant appartenu à Martin Lovett, le violoncelliste du légendaire Quatuor Amadeus.