Les hommages continuent de pleuvoir sur Raymond Lévesque. Après qu'une bibliothèque de Longueuil eut été nommée en son honneur, en février, voilà que le chansonnier âgé de 83 ans voit son visage immortalisé sur un mur de briques rouges montréalais.

Une murale à l'effigie de Raymond Lévesque a été dévoilée mercredi après-midi, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, en présence du maire Gérald Tremblay, de la députée fédérale Hélène Laverdière et de l'auteur de l'oeuvre, l'artiste muraliste Laurent Gascon.

La fresque, d'une superficie de 160 pieds carrés, immortalise à la fois l'image d'un jeune Raymond Lévesque, en noir et blanc, et le titre de la célèbre chanson composée par l'artiste en 1956, «Quand les hommes vivront d'amour», sur fond de mosaïque multicolore.

«Je suis un vrai Montréalais. Je suis né à l'hôpital Notre-Dame, j'ai passé mon enfance au coin de la rue Cherrier et de la rue Saint-Hubert, près du parc Lafontaine», a tenu à préciser M. Lévesque en contemplant l'oeuvre.

L'initiative de la Ville de Montréal a été «une surprise» pour Raymond Lévesque, qui a rappelé qu'il avait composé de nombreuses chansons en l'honneur de certains quartiers de la métropole, dont À Rosemont sous la pluie, St-Henri ou encore La montagne.

«J'ai écrit beaucoup sur Montréal. J'en ai écrit une dernièrement. J'aimerais vous la chanter. Je vais peut-être fausser un peu étant donné que je suis complètement sourd, mais je l'ai dit à monsieur le maire», a lancé M. Lévesque vers la fin de son discours de remerciements.

Il a donc interprété a capella cette nouvelle chanson, intitulée «Montréal en ville», devant les quelque 50 personnes qui s'étaient massées sur le parvis de l'église Notre-Dame de Guadalupe, située à quelques pas de la murale, sur la rue De Bordeaux.

Ce lieu de culte, où se rassemblent les fidèles catholiques de la communauté latino-américaine de Montréal, est situé en plein coeur du quartier Hochelaga-Maisonneuve, un secteur de la métropole aux prises avec de graves problèmes socioéconomiques.

La conjointe de Raymond Lévesque, Renée Dionne, a dit espérer que cette oeuvre d'art revitalisera le quartier et que les mots «Quand les hommes vivront d'amour» enverront un «message d'espoir» à ses résidants.

Le peintre-céramiste Laurent Gascon a abondé dans le même sens.

«Comme c'est un quartier qui est gris un peu et qui a été délaissé pendant tellement longtemps, je pense qu'il est temps qu'il y ait une espèce d'évolution et que l'on fasse quelque chose pour l'embellir un peu. Alors je fais ce que je peux.»

Selon Hélène Laverdière, députée néo-démocrate de Laurier-Sainte-Marie, cette murale dépeignant le «monstre sacré» qu'est Raymond Lévesque est tout à fait représentative de l'esprit de ce quartier empreint de «solidarité» et de «fraternité», qui fait partie de sa circonscription.

«D'abord, M. Lévesque, c'est quelqu'un de la circonscription. Et la chanson «Quand les hommes vivront d'amour', je crois personnellement que c'est la plus belle chanson qui n'a jamais été écrite en français. Ce sont des choses qui ont une grande signification pour Laurier-Sainte-Marie», a déclaré la politicienne.

Lors de son discours, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a déclaré qu'il avait toujours eu «beaucoup de difficultés à comprendre pourquoi on attendait le décès d'une personne pour reconnaître son oeuvre.»

Celle de Raymond Lévesque «fait la fierté des Québécois» et «a trouvé sa place enfin sur les murs de la métropole», a poursuivi le maire.

L'art mural est une approche privilégiée par la Ville de Montréal depuis 2006 afin d'éviter la prolifération de graffitis et de sensibiliser les artistes de la rue «à des moyens d'expression créatifs, respectueux des biens d'autrui et légaux».

Deux oeuvres de Laurent Gascon décorent déjà les murs du quartier situé dans l'arrondissement Ville-Marie. M. Gascon a réalisé une murale en l'honneur de l'artiste Vittorio Ferucci, à l'angle des rues Ontario Est et Florian, et une autre pour l'acteur et homme de théâtre Paul Buissonneau, que l'on peut voir à l'intersection des rues Ontario Est et Beaudry.

L'artiste a confié avoir reçu une nouvelle commande de la Ville de Montréal. Il n'a pas voulu dévoiler qui sera immortalisé sur sa prochaine fresque, se contentant de préciser qu'elle sera destinée à une femme et qu'elle se trouvera dans le même quartier que les trois autres.