Une simple lumière a jailli sur la batterie. Puis Patrick Carney a fait son entrée, suivi du chanteur et guitariste Dan Auerbach, qui a embrassé la foule. «Nous sommes de l'Ohio et notre nom est The Black Keys.»

Cette humilité remplie de gêne était charmante. Après tout, le duo de blues-rock n'a plus besoin de présentation. Lundi soir, il ne se produisait pas au National ou au Métropolis, mais bien au Centre Bell, le plus grand amphithéâtre de Montréal.

Auerbach et Carney n'avaient jamais même rêvé que Brothers, sorti en mai 2010, propulserait les deux amis musiciens - qui bricolaient leurs premiers albums de façon artisanale à la maison - au-delà de l'underground. Le sixième album du duo a même ravi à Arcade Fire le prix de l'album alternatif de l'année, au dernier gala des Grammy.
 Au lendemain de sa participation au Festival d'été de Québec, The Black Keys a pu remplir 8300 sièges du Centre Bell, lundi soir. La semaine dernière, à Toronto, le duo avaient joué devant 16 000 personnes au Molson Canadian Amphitheatre. Le duo de blues-rock a brisé la glace avec un vieux titre de 2003, Thickfreakness, suivi de Girl Is On My Mind.

Il n'a suffi que l'introduction à la guitare de Stack Shot Billy pour que les gens se mettent spontanément à applaudir des mains et que le spectacle passe tôt dans la soirée à un haut niveau d'intensité.

La mise en scène était dépouillée, sauf des boules de lumière qui s'allumaient au son des riffs d'Auerbach. Même au loin dans le Centre Bell, on voyait à quel point les deux musiciens étaient transportés par leur musique. Inspiré du défunt guitariste blues Junior Kimbrough, The Black Keys joue avec du coeur au ventre, au rythme du «oumph» de ses chansons sales et groovy.

Après une belle et douce reprise d'Act Nice and Gentle des Kinks, deux musiciens de tournée - un guitariste et un claviériste - sont montés sur scène pour la deuxième partie du spectacle. Une boule disco s'est élevée dans les airs illuminant la foule au son d'Everlasting Light. C'était agréable pour les yeux et puissant pour les oreilles, tout comme Next Girl, servie avec une distorsion débridée.

Les deux dernières fois que nous avons vu The Black Keys en spectacle à Montréal, c'était en plein air, au parc Jean-Drapeau (avant, c'était en première partie de Radiohead à la Place des arts et en tête d'affiche à La Tulipe). Assumer un grand aréna à deux, ce n'est pas rien... mais ça va complètement à The Black Keys: les spectateurs du Centre Bell, ravis, ne se sont pas assis une fois. Au parterre, les gens dansaient le poing en l'air.

Peu bavard mais enflammé et enthousiaste, le chanteur et guitariste Dan Auerbach n'a qu'à s'accrocher à ses chansons. Les spectateurs chantent spontanément sur Howlin' For You, alors qu'ils «capotent» sur les premières notes de Tighten Up.

C'était une bonne idée de bonifier la mise en scène de la deuxième partie du spectacle, avec les projections psychédéliques pendant Chop And Change, par exemple.

Après une heure de musique et Got Mine, la foule du Centre Bell a eu peur que ce soit la fin. Après que les spectateurs aient scandé «Black Keys», Auerbach et Carney sont finalement réapparus avec des gilets du Canadien sur le dos pour deux dernières chansons, Sinister Kid et Your Touch.

Malgré le rappel, le spectacle aura été court (75 minutes), mais donné avec beaucoup de coeur au ventre. Mission accomplie les boys.