La pianiste Dominique Morel, directrice artistique et excellente commentatrice des concerts d'été de la Maison Trestler, de Vaudreuil-Dorion, réunissait mercredi soir, autour du nouveau Fazioli du lieu, trois jeunes pianistes lauréats de récents concours ici et à l'étranger.

Le premier à passer est aussi le plus jeune des trois : Xiaoyu Liu, 14 ans, Chinois né à Paris, élève à Montréal de Wonny Song, gagnant de plusieurs trophées et l'un des premiers prix du Concours de musique du Canada qui vient de se terminer.

L'adolescent a choisi deux pages de Liszt, pour le bicentenaire du compositeur, et y révèle un réel talent pianistique et musical. La technique lisztienne se manifeste d'abord simplement, dans les tintements de La Campanella, pour atteindre un impressionnant niveau d'éloquence et de puissance sonore dans la célèbre deuxième Rhapsodie hongroise.

Yoonjung Han, qui le suit, est de Corée du Sud, a 26 ans, étudie avec Jean Saulnier à l'UdM et vient d'obtenir le premier prix au Concours international de Washington. Ses choix se portent sur la musique espagnole. On l'écoute d'abord patiemment dans une oeuvre peu intéressante de Federico Mompou, les 12 Variations sur le Prélude op. 28 no 7 de Chopin, pour découvrir ensuite une technicienne accomplie et une musicienne raffinée dans deux longs extraits des Goyescas de Granados.

Le texte musical de Granados fourmille d'indications de toutes sortes, en français et en italien, et la jeune fille n'en ignore aucune. Elle a tout mémorisé. Elle réussit même à traduire en musique la curieuse prescription qui termine la deuxième pièce. Le sujet en est «l'amour et la mort» et Granados demande d'y exprimer «le bonheur dans la douleur»... En rappel, elle a offert de fameux Tango d'Albéniz.

Dernier entendu : Simon Larivière, 26 ans également, et lui aussi élève de Jean Saulnier. Premier prix, en 2009, au Concours de l'Orchestre symphonique de Trois-Rivières, le jeune homme confirme que sa candidature au dernier Concours international de Montréal fut refusée. Pourtant, ce qu'il a donné dans l'Étude pour les quartes de Debussy et dans la magistrale Sonate en si mineur de Liszt était le fait d'un pianiste de première force et d'un interprète digne de ce nom.

L'équilibre des plans sonores dans le Debussy est irréprochable. Le climat change du tout au tout avec la Sonate de Liszt. Une tendance à jouer dur et quelques fausses notes : ce sont mes seules et bien minimes réserves. L'ensemble de son Liszt laisse la meilleure impression : puissance pianistique, rythmique et mélodique, avec beaucoup d'idées intéressantes tout au long du discours.

XIAOYU LIU, YOONJUNG HAN et SIMON LARIVIÈRE, pianistes. Mercredi soir, Maison Trestler de Vaudreuil-Dorion.