Alfredo Casella (1883-1947), compositeur néoclassique italien de l'entre-deux-guerres, fut également chef d'orchestre, pianiste, pédagogue, conférencier, administrateur d'organismes musicaux et même critique musical. La liste de ses oeuvres englobe tous les genres: opéra, ballet, musique orchestrale, concerto, musique de chambre, piano, mélodie. Il a aussi réalisé des transcriptions, préparé des éditions d'oeuvres de Bach, Mozart, Beethoven, et signé des biographies, notamment de Stravinsky.

Naxos a entrepris l'enregistrement de ses oeuvres pour orchestre avec l'Orchestra Sinfonica di Roma dirigé par Francesco La Vecchia. Il y a trois symphonies. Naxos vient de publier les deux premières; la troisième sort incessamment. (Chandos a aussi publié une version de la deuxième, que je n'ai pas entendue. Je rappelle aussi qu'une version de la troisième a été réalisée chez CPO en 2006.)

La Symphonie no 1, en si mineur, op. 5, et la Symphonie no 2, en do mineur, op. 12, datent respectivement de 1905 et 1910, environ. Vivant alors à Paris (où il avait étudié la composition avec Fauré), le jeune Casella en dirigea lui-même la création.

Naxos annonce les Symphonies nos 1 et 2 comme des premières au disque, ce que confirment les catalogues passés. On s'étonne qu'une musique aussi forte soit à ce point ignorée des chefs d'orchestre. Les deux symphonies sont très longues (45 et 56 minutes) et sont le fait d'un grand orchestrateur qui harmonise diverses influences en un langage toujours stimulant, sinon toujours très personnel.

La première s'ouvre dans une sombre couleur russe, pour se développer ensuite à la manière de Mahler, très tendue et marquée de lointains appels de cuivres. La deuxième nous précipite en plein univers mahlérien: cuivres lointains encore, marches implacables et très bruyantes. Ici, cependant, Casella est trop proche de l'original: il en devient presque une caricature. Et il ne possède pas le génie mélodiste du modèle.

Le disque de la première Symphonie est complété par le Concerto pour cordes, piano, timbales et percussions op. 69. De structure baroque, l'oeuvre en trois mouvements se ressent du contexte historique: nous sommes en 1943 et Casella, revenu depuis longtemps dans son pays, se retrouve dans Rome occupée par les Allemands. La deuxième Symphonie est jumelée avec une oeuvre pour piano et orchestre, A notte alta, op. 30 bis. Arrangement, de 1921, d'une pièce «autobiographique» pour piano seul de 1917, l'oeuvre de 21 minutes est d'un statisme inquiétant qui correspond tout à fait au titre, signifiant Au plus profond de la nuit.

Les deux disques révèlent un orchestre de premier plan, bien que formé il y a à peine 10 ans, et le son est excellent.

Oeuvres d'Alfredo Casella, Naxos:

Symphonie no 1 + Concerto (8.572 413)

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Symphonie no 2 + A notte alta (8.572 414)

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