Le soir de la finale des Francouvertes, en avril dernier, la scène était poignante. Alors que défilaient des photos des gagnants des années précédentes, la chanteuse de La patère rose, Fanny Bloom, a fondu en larmes en voyant celle de son trio lors de sa victoire, en 2008. Le jour même, Dare To Care Records avait annoncé la dissolution de La patère rose.

Hier soir, La patère rose a donné son spectacle d'adieu, au Cabaret du Mile End. Nous sommes passés voir Fanny Bloom, Roboto et Kilojules en fin après-midi, pendant leur test de son. «Dernier sound-check de La patère rose: done!», a lancé Fanny.

Était-ce vraiment le dernier?

«Pour ce projet-là, oui», a répondu Kilojules à La Presse.

Avec Roboto (Thomas Hébert) et Kilojules (Julien Harbec) qui évoluaient en parallèle dans Misteur Valaire, c'était à prévoir. La décision de mettre fin à l'aventure de La patère rose a été prise l'automne dernier, après le Festival de musique émergente (FME).

«Moi, je voulais continuer, lance Fanny. Mais il y avait un conflit d'horaire.»

«Fanny nous a dit qu'elle ne pouvait plus endurer la situation, dit Kilojules. Mais la situation était insoutenable pour tout le monde.»

«Ça nous rend tous tristes», résume Roboto.

Pour Fanny, Roboto et Kilojules, qui se sont connus au cégep de Sherbrooke, la fin de La patère rose n'était donc pas désirée, mais inévitable. Freinée dans son inspiration et ses élans créatifs, Fanny n'en pouvait plus d'attendre que les deux autres aient du temps libre.

Au cours des derniers mois, elle a par ailleurs bâti son propre répertoire. «Je suis en train de travailler sur un album solo que je veux sortir à l'hiver. Je suis déjà en studio», dit celle qui travaille avec le réalisateur et arrangeur Étienne Dupuis-Cloutier.

Fanny, Roboto et Kilojules tenaient à donner un dernier spectacle, hier soir. «C'est pour tout le monde qui a donné de l'énergie dans ce projet-là», dit Kilojules. «C'est pour nos fans qui nous ont suivis. On ne voulait pas partir en voleurs», renchérit Fanny.

Quoi qu'il en soit, La patère rose a «vécu des choses en tabarnouche en trois ans», souligne sa chanteuse, que ce soit la victoire des Francouvertes, les Francofolies de Spa, le festival South by Southwest, ou encore la première partie de Mika en France.

La patère rose laisse en testament un album et un EP qui auront su rafraîchir leur époque avec une électropop qui peut être enfantine et éclatée (La marelle, PaceMaker), mais aussi sensible et délicate (Duet Tracet, Backyard Souvenir, Waikiki).

À l'heure où vous lisez ces lignes, La patère rose n'existe officiellement plus. Fanny, Roboto et Kilojules se remettent d'une soirée arrosée à la Taverne Normand, organisée en leur honneur après leur spectacle d'adieu, hier soir.

Ils ont peut-être fait hier le dernier test de son d'un spectacle de La patère rose, mais c'est loin d'être la dernière fois qu'ils seront tous ensemble sur scène.

«C'est plus un début qu'une fin», résume Éli Bissonnette, patron des disques Dare to Care.