Gardien de la chanson, semeur de passions, le Gaspésien Alan Côté dirige depuis plus de 20 ans l'incontournable Festival en chanson de Petite-Vallée, qui se tiendra pour la 29e fois du 25 juin au 3 juillet. D'ici là, le directeur doit déléguer une partie de ses fonctions pour assurer la promotion de Chercher son ours, son tout premier album, enregistré avec la famille et les amis. Et quelle famille! Quels amis!

«Je me souviendrai toujours de cette soirée durant laquelle j'avais avec moi deux maîtres qui se sont penchés sur mes chansons, Pierre Barouh et Sylvain Lelièvre, raconte Alan Côté, des étoiles dans les yeux. Ils avaient relu mes textes et me donnaient leurs commentaires: «Ça, enlève ça! Ça, c'est trop long!»»

Barouh et le regretté Lelièvre, il les appelle ses amis. Comme Michel Rivard -«Souvent un des premiers à entendre mes chansons»- et Marie-Pierre Fournier, qu'on entend fredonner sur le beau premier extrait, Elle aime. Ils participent à cet album aux accents de folk moderne et de country, sur lequel on entend aussi sa blonde et ses deux filles, parce que dans la famille, la musique coule dans les veines. Et Louis-Jean Cormier, de Karkwa? Son cousin, tiens: «On fête Noël ensemble depuis que je suis petit... Enfin, depuis qu'il est petit», rigole Alan Côté.

Or le voilà, Alan, à l'aube de la cinquantaine, faisant la promotion de Chercher son ours, son premier album à vie. Vraiment, le premier? Depuis tout ce temps? «Ah, j'avais déjà sorti un mini-album... Puis la chorale des Chanteurs du village a fait un disque de mes compositions. Mais c'est mon vrai premier disque. J'écris des chansons depuis que j'ai 16 ans. J'ai appris tout seul à jouer de la guitare. Je n'étais pas assez bon pour apprendre les chansons des autres, alors j'écrivais les miennes...»

Il a pris son temps, et c'est très bien ainsi. «Ce que j'aime, c'est écrire des tounes. Je pense que le fait de s'accomplir en créant et de se nourrir de ça, me permet de croire que je peux continuer à aimer ça, et surtout que je peux encourager les gens à faire pareil.»

Ce qu'il a fait avec les voisins des Chanteurs du village. Les amis qui trippent aussi musique, un peu beaucoup poussés par Alan de monter des spectacles, au point de s'offrir une tournée en Europe, après une création qui avait été présentée au Coup de coeur francophone: «On était vingt et un, reçus comme des rois! L'épicier du village est dans la chorale, il ne s'imaginait même pas aller en France dans sa vie.» À la blague, on se dit que lorsque la chorale part en tournée, Petite-Vallée ferme jusqu'à ce que la bande revienne...

Si Alan Côté avait été peintre, croyez-le, Petite-Vallée aurait été le Village en peinture. Pas qu'un passionné, un rassembleur, Alan. Chaleureux, accueillant, comme le sont les Gaspésiens.

«Le monde m'a suivi là dedans, c'est pas évident», dit celui qui a pris les rênes du Festival en chanson en 1989. «Mon frère est comptable, il travaille avec nous; quand il me voit partir dans mes idées, il me ramène sur terre... puis il y pense, et finit par adhérer à mes projets!»

Son amour de la chanson est contagieux. «Je suis un amoureux des mots», dit-il, et un conteur-né, comme en témoignent les jolies histoires de Chercher son ours. «La chanson, c'est notre identité, c'est qui nous sommes. C'est important de valoriser ça.»

«Pour moi, la chanson était un petit bonheur quotidien, toujours là avec moi.» Aujourd'hui, c'est autre chose. Alan se commet, lance un disque, prépare ses spectacles, s'expose à la critique. Ce qu'il n'aurait peut-être pas fait sans une poussée dans le dos.

«Après les spectacles du Festival, on fait des fêtes chez moi, on sort les guitares autour de la piscine. Rick [Hayworth] était là, c'était à mon tour, je leur ai chanté mes chansons. Des mois plus tard, il m'a demandé de les lui rejouer. Il m'a dit: «Alan, t'a pas le droit de garder ça pour toi. Tu devrais faire quelque chose avec tes chansons, et je vais t'aider.»» Un mois dans un studio de Montréal, et l'ours fut enfin trouvé.

«Ça a pris des pros comme eux pour pousser l'ours en dehors de son territoire, si je puis dire... Ç'a été le bonheur, toute l'expérience, l'enregistrement, les concerts. Le bonheur total.» Et contagieux.

CHANSON

Alan Côté

Chercher son ours

Productions de l'Onde