Superstar planétaire, femme de tous les records et adepte de la provocation, Lady Gaga publie lundi Born this way, son très attendu deuxième album précédé d'un marketing sulfureux minutieusement orchestré qui commence à faire grincer des dents.

Robe en viande, concerts événements, défense des droits des militaires américains homosexuels... la jeune femme de 25 ans, désormais suivie par 10 millions de fans sur Twitter, n'a cessé de faire parler d'elle depuis son premier album The Fame en 2008.

Depuis quelques semaines, la sortie de Born This way amène à chaque annonce son lot de provocations, surenchères et polémiques.

Lady Gaga a affolé la presse en comparant le disque à de l'«héroïne», puis en claironnant qu'il s'agissait du «meilleur album de la décennie».

Elle est apparue sur scène dans cercueil, s'est fait poser de faux implants sur le visage et le corps pour la pochette très décriée de Born this way...

Le premier extrait de l'album, Born this way, un manifeste en faveur de la différence, en particulier sexuelle, a été accompagné d'une vidéo futuriste dans laquelle elle donnait naissance à une nouvelle race.

Le deuxième Judas (extraits: «Je suis amoureuse de Judas/Je lui laverai les pieds avec mes cheveux s'il le faut») a soulevé l'indignation de mouvements chrétiens.

D'autres titres de l'album ne devraient pas manquer de faire réagir l'Amérique puritaine, comme Government Hooker (où elle invite le président Kennedy à la payer pour qu'elle le «fasse couiner») ou Bloody Mary (autre référence à la religion).

Cette stratégie, qui rappelle celle adoptée par Madonna dans les années 80, commence à faire grincer des dents.

Des voix se sont élevées dans la communauté homosexuelle pour dénoncer une utilisation de la cause gay à des fins commerciales.

Le NME, la bible musicale britannique, s'est récemment interrogé en Une: «phénomène ou supercherie ?».

Plus gênant, des critiques et blogueurs ont pointé des similitudes entre le titre Born This Way et Express Yourself de Madonna. Lady Gaga s'est vigoureusement défendue de tout plagiat.

Born this way, qu'elle a largement écrit et composé, est taillé pour un succès planétaire. La chanteuse américaine -- Stefani Germanotta de son vrai nom -- prend soin de glisser dans ses chansons en anglais des bribes d'espagnol, de français et d'allemand.

Elle y reprend ses thèmes récurrents auxquels sont particulièrement sensibles ses nombreux fans adolescents: encouragement à accepter sa différence, à revendiquer sa liberté, opposition aux parents, amour...

Born this way s'inspire largement des sonorités des années 80, avec des éléments de pop, de hard-rock et surtout d'eurodance, qu'elle pousse ici à l'extrême.

Ces musiques, que les moins de 30 ans connaissent peu et qui ont prouvé leur efficacité -- sinon leur qualité -- par le passé, devraient assurer à Born this way, Judas ou Government Hooker un large succès.

Mais d'autres titres de ce long album -- 14 pistes plus un remix -- sont plus faibles. Malgré la belle voix grave de la chanteuse, ils souffrent d'une construction trop répétitive, d'arrangements pompiers et d'une musique foncièrement impersonnelle. Un paradoxe pour une star qui a construit son succès sur sa personnalité et et se revendique comme une «artiste totale».