En portant légèrement plus vers la pop, le festival Suoni per il Popolo étend ses tentacules sans toutefois tourner le dos à sa clientèle de mélomanes exigeants. Noise, free jazz, country-folk, rap, électronique, rock expérimental, avant-pop et autres musiques «sous-représentées», comme dit le directeur artistique Steve Guimond, sont à l'honneur du 11e festival Suoni per il Popolo, dont on a dévoilé la programmation jeudi dernier.

Du 5 au 25 juin prochains, la Sala Rossa, la Casa del Popolo, l'Il Motore et le Blue Sunshine (3660, boulevard Saint-Laurent, pour le volet Le son en images: Cinéma au Suoni) vont vibrer au rythme du «Son pour le peuple», le festival musical le plus risqué et éclectique à Montréal.

Éclectique et, malgré tout, en santé, soufflent ses directeurs: le bouleversement de calendrier provoqué l'année dernière par le déménagement permanent des FrancoFolies avait eu un impact sur l'affluence du festival et forcé une réduction du nombre de concerts présentés par le Suoni per il Popolo. L'événement, qui roule avec un budget d'environ 300 000 $, compte sur l'appui de différents ordres de gouvernement et du solide coup de main de la brasserie McAuslan.

«Notre rivalité avec les autres festivals n'est pas musicale, souligne Peter Burton, directeur de la production. Nous n'attirons pas le même public; la rivalité est médiatique.» Voilà le défi du Suoni: réussir à faire parler de lui pendant ces trois semaines de juin déjà occupées par MUTEK, les Francos et les autres manifestations populaires inscrites au calendrier. L'affiche dévoilée la semaine dernière est assez captivante pour trouver écho dans les médias et auprès des festivaliers, espère l'équipe du festival.

La portion free jazz et musique expérimentale du Suoni est riche - «C'est un champ qui nous a été cédé par le Festival de jazz», avance Steve Guimond. Des noms: le saxophoniste et pianiste Charles Gayle (le 8 juin), le trio Farmers by Nature (le 21 juin), regroupant Craig Taborn, William Parker et Gerald Cleaver, le quatuor Ma-Do de la pianiste et compositrice japonaise Satoko Fujii (le 19 juin), ou encore le Full Blast Trio (le 22 juin) de Peter Brötzmann, Marino Pliakas et Michael Wertmuller.

Pour de l'expérimentation sonore à tout crin, il faut assister au retour du maître japonais Keiji Haino (le 10 juin), de retour à Montréal après 10 ans d'absence; l'oudiste Sam Shalabi ramène son Shalabi Effect le 8 juin, alors que le Californien Bill Orcutt (Harry Pussy, le 7 juin) reviendra faire rugir ses guitares.

Ailleurs, ça tire dans toutes les directions. Plus électro avec Junior Boys (le 11 juin) et Future Islands (le 5 juin), rock et pop exploratoires avec Parlovr (le 16 juin), Tonstartssbandht (le 9 juin, avec Grimes), Pierced Arrows (le 11 juin), Secret Cities (le 16 juin) ou Chad Vangaalen (le 23 juin), hip-hop avec la Palestinienne Shadia Mansour (et Samian et The Narcicyst, le 9 juin), ou simplement impossible à étiqueter avec le chanteur syrien et nouveau collaborateur de Björk, Omar Souleyman (le 13 juin).

Éclectique? «On couvre tout!», assure Guimond, non sans fierté. Tous les détails à l'adresse suoniperilpopolo.org