Sensation du dernier Printemps de Bourges, l'Anglais Miles Kane fait revivre avec classe le rock anglais des sixties sur Colour of the Trap (Columbia/Sony), le premier album qu'il publie en solo après avoir vécu dans l'ombre des Last Shaddow Puppets.

Miles Kane n'a pas encore soufflé ses 25 bougies, mais il a déjà dix ans de carrière derrière lui comme leader des Little Flames et de The Rascals, deux groupes restés mineurs.

C'est en duo avec Alex Turner, le chanteur des Arctic Monkeys, qu'il s'est fait connaître du grand public. En 2008, les deux complices publient un album en forme d'hommage à la pop épique et richement orchestrée de la fin des années 60 sous le nom de The Last Shadow Puppets.

Leur album The Age of Understatement est salué avec raison comme un des meilleurs albums de l'année. Mais face à la notoriété d'Alex Turner, Miles Kane est relégué au second plan par la presse et les critiques qui attribuent au leader des Arctic Monkeys l'essentiel des mérites du duo.

Colour of the Trap, publié lundi, devrait remettre les pendules à l'heure. Dans la droite ligne des Last Shadow Puppets, il ressuscite une certaine idée du rock, flamboyante et stylée, caractéristique des années 60 avec des succès en puissance comme Come Closer, Inhaler ou Rearrange.

Le jeune homme affiche fièrement ses influences: «John Lennon, T-Rex, Lee Hazlewood, Gainsbourg, Bardot, ce quelque chose qu'ont les Français et que j'adore», dit-il à l'AFP, avec son fort accent de Liverpool.

Il y a six mois, le musicien a découvert un chanteur qui est devenu son «nouveau héros»: Jacques Dutronc. «Je ne comprends pas les paroles de ses chansons, mais j'adore son look, sa musique. Il est génial», s'enthousiasme-t-il.

Comme chez le play-boy français, la séduction joue un rôle majeur dans le jeu du musicien. «J'aime le rock'n'roll et j'aime le côté sexy qui va avec», sourit-il.

Sur scène, Miles Kane affiche la moue arrogante d'un Mick Jagger, la morgue d'un Liam Gallagher, l'attitude du guitar hero d'un Pete Townshend et... la coiffure impeccable d'un Paul Weller, le «parrain» des Mods.

«Le style est aussi important que la musique, juge-t-il. Certains groupes pensent le contraire. Mais quand je joue, je veux avoir la classe. Ce n'est pas quelque chose de forcé, je trouve que ça va bien avec le genre de musique que je joue».

Miles Kane a déjà réussi la prouesse d'être adoubé par les deux frères ennemis d'Oasis, Liam et Noel Gallagher, eux-mêmes adorateurs du rock anglais des 60's et habituellement peu tendres avec les jeunes loups.

Liam Gallagher lui a offert d'assurer la première partie de la tournée de son nouveau groupe Beady Eye. Quand à Noel, il s'est invité en guitariste de luxe sur un des morceaux de Colour of the Trap.

«Il est venu un après-midi prendre un café et dire bonjour. J'étais en train de mixer et de travailler sur des harmonies et il a fini par les jouer. C'était juste une merveilleuse après-midi. De celles dont tu te souviens toujours», raconte Miles Kane.