De mercredi à dimanche, Elektra exploite le thème de la «visualisation du son». Voir le son? Écouter l'image? Au sens figuré, absolument! La musique électronique en symbiose avec l'art visuel numérique, cette approche multimédia se démarquant de l'électroacoustique pure et dure, voilà ce que propose l'événement montréalais pour une douzième année consécutive.

Pour ainsi mettre en valeur les performances et installations d'artistes locaux ou étrangers, Elektra investira de nouveaux espaces tels que la Fonderie Darling, Eastern Bloc et Occurrence tout en reprenant ses activités à la Cinémathèque québécoise, Oboro et son centre nerveux, l'Usine C.

Alain Thibault, compositeur, fondateur et toujours directeur artistique d'Elektra, résume les progrès  réalisés depuis l'an 2000:

«Au départ, on observait déjà cette  tendance chez un nombre croissant de musiciens électroacoustiques : leur désir de travailler avec des artistes visuels ou encore de faire leurs propres images. Le phénomène inverse était aussi observable : des artistes visuels s'associaient à des musiciens ou entreprenaient de créer leurs propres sons afin d'accompagner leurs oeuvres. Depuis lors, cette convergence s'est maintenue ou même développée, à tel point qu'une communauté internationale de créateurs explore aujourd'hui la relation entre image et son. Relation que les outils numériques permettent de développer de manière spécifique. »

On peut néanmoins s'interroger sur l'autonomie de chaque médium. Pourquoi, au fait, la musique a-t-elle besoin de l'image et vice versa?

«Ce n'est pas une nécessité, admet Alain Thibault. Il y a, d'ailleurs,  un certain retour à l'électroacoustique «pure» chez certains compositeurs d'ici. J'estime important néanmoins de maintenir cette mission d'Elektra; développée dans un axe électronique et expérimental, cette relation image-son représente un territoire sans limites. Particulièrement pour les créateurs de Montréal, LA ville en Amérique du Nord au domaine des arts numériques.»

Alors? Enchaînons avec les suggestions du patron :

Ce mercredi, Elektra accueille la performance The Tiller Girls: créateurs d'environnements interactifs à grande échelle, Louis-Philippe Demers, Phillip Schulze et Armin Purkrabek présentent un ballet robotique mettant en scène 12 robots autonomes, manipulés en direct.

Ce jeudi, le Montréalais Martin Messier présentera Sewing Machine Orchestra, véritable orchestre de machines à coudre aussi actionnées en temps réel. Ce même jeudi, Elektra propose Les Objets Impossibles, performance audiovisuelle née de la collaboration entre le collectif italien Abstract Birds et l' Institut (français) de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM).

La soirée de vendredi mettra en lumière le travail de deux pointures des étiquettes VTape et V-Atak et un porte-étendard du label raster-noton : l'Ontarien Tasman Richardson présentera Firing Squad, le Français Nohista, suggérera NOBODY et le Britannique Mark Fell (SND) dévoilera le contenu de son récent album Multistability.

Samedi, le collectif français 1024 architecture présentera Euphorie, performance inspirée du mythe du guitar hero, où interviennent, entre quatre écrans translucides, un interprète muni de neon guitars et un musicien. L'agenda de samedi comprend aussi l'intervention de l'artiste français Kangding Ray (David Letellier) et sa création audiovisuelle OR, sans compter l'Allemand Frank Bretschneider, cofondateur du renommé label raster-noton.

Entre autres installations de ce 12e Élektra, la Fonderie Darling met en valeur la sculpture sonore Cycloïd-E des artistes suisses André et Michel Décosterd.

Parallèlement à ses activités de diffusion, Elektra tient aussi un marché international de l'art numérique: 14 artistes y mettent de l'avant leurs oeuvres  pendant que des diffuseurs étrangers viennent y présenter leurs événements respectifs. «Cette fois, explique Alain Thibault, nous mettons l'accent sur l'Asie et les Amériques. Depuis cinq ans, ça nous a permis de créer un véritable réseau international.»

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Pour infos et billetterie: www.elektramontreal.ca