Lorsque le patron de l'influent label Hyperdub, Kode9 (Steve Goodman), a lancé son premier disque, il avait carrément fait diverger le genre encore balbutiant du dubstep vers de nouvelles avenues musicales.

Cinq ans plus tard, difficile d'imposer un changement de paradigme aussi radical. Black Sun s'avère aussi austère et inquiétant que Memories of the Future, mais musicalement plus flexible, plus varié, moins monolithique. Encore une fois secondé par son fidèle MC The Spaceape, Goodman compte également sur les collaborations de la chanteuse d'origine chinoise Cha Cha et de l'illustre Flying Lotus (sur la superbe Kryon qui clôt l'album). Black Sun alterne entres les basses assassines (Bullet Against Bone, les rythmiques funky minimalistes de Love is the Drug et de la pièce-titre, deux grands moments du disque) et les productions quasi délicates, telles Promises ou l'ambiante Hole in the Sky. En cours de route, Kode9 découvre même à sa musique un côté «sexy» qui lorgne les pistes de danse, comme sur Neon Red Sign. Difficile d'être aussi révolutionnaire qu'il y a cinq ans, mais Kode9, autant comme artiste que comme patron de label, demeure un artiste phare de la scène électronique.