Ce mercredi, l'ensemble à percussion Sixtrum jouera les oeuvres de Ligeti avec sa participation en chair et en os, notamment sur un marimba électronique dont il est un des rares utilisateurs. Intitulé Ligeti - de père en fils, le programme de ce concert prévoit ses oeuvres mais aussi du matériel créé par son célébrissime paternel.

Lukas Ligeti, 45 ans, est le fils du compositeur hongrois de musique contemporaine György Ligeti (1923-2006).

«Seront alors confrontées les oeuvres du père, virtuoses dans quatre des Études de piano trancrites par John Rea ou plus festives dans Síppal, dobbal, nádihegedüvel, aux compositions du fils, Lukas, évoquant plus directement l'Afrique dans Pattern Transformation et Independence ou l'improvisation, dans une prestation où le compositeur se joindra pour l'occasion aux musiciens de l'ensemble», peut-on lire sur le site officiel de Sixtrum.

Le percussionniste et compositeur dit avoir «commencé tard» dans la musique. Aurait-il longtemps hésité parce qu'il était «fils de»?

«Honnêtement, ça n'a pas été pris en considération», répond Lukas Ligeti en toute courtoisie, aucunement gêné par la question.

«J'avais d'abord fait des études en physique et en mathématiques pour finalement me rendre compte que je n'y ferais rien d'exceptionnel, alors que j'avais le sentiment de pouvoir apporter quelque chose en musique», résume cet artiste que l'on ne peut certes pas associer exclusivement à la musique contemporaine de souche européenne.

Formé en percussion et en composition (en plus des sciences), Lukas Ligeti est né et a grandi à Vienne - sa mère octogénaire y vit toujours et y pratique activement la psychanalyse malgré son grand âge. Avant de s'établir à New York il y a 13 ans, le musicien a résidé en Europe et dans différents pays africains. On lui doit des enregistrements singuliers avec le groupe Beta Foly, sans compter les albums Mystery System et Afrikan Machinery.

«J'aime me définir comme un griot, c'est-à-dire un musicien traditionnel dont la caste a l'obligation d'innover! Ainsi, j'ai vécu en Côte d'Ivoire où j'ai fondé Beta Foly, j'ai aussi multiplié les relations artistiques avec les musiciens africains, notamment en Ouganda, en Égypte, au Mozambique, en Afrique du Sud ou au Burkina Faso - d'où cette idée du groupe Burkina Électric qui réunit des Burkinabés, un Allemand et moi-même, sans compter deux danseuses originaires du Burkina Faso et de Côte d'Ivoire.»

De manière générale, Lukas Ligeti se réclame non seulement de l'Afrique musicale mais aussi de multiples traditions occidentales. «Je ne pourrais nier avoir été influencé par la musique contemporaine écrite d'Europe ou d'Amérique dont celle de mon père. Or, j'aime aussi la musique classique dans son ensemble, sans compter le jazz moderne ou expérimental, le minimalisme américain ou même le rock indie.»

On comprendra que Lukas Ligeti incarne un autre type de musicien dit sérieux. Celui d'aujourd'hui? Il est permis de le croire.

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Le concert Ligeti, de père en fils, est présenté mercredi soir, 20 h, à la salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.